Après des années 80 difficiles, essuyant notamment les échecs commerciaux de Taram le Chaudron Magique et Basil, Détective privé, les studios Disney renaissent de leurs cendres dans les années 90. Une décennie qui a marquée la naissance d'excellents crus, comme La Petite Sirène, Le Roi Lion, La Belle et la Bête, Aladdin, Pocahontas et bien d'autres. Le Bossu de Notre-Dame fait parti de ceux là, la firme aux grandes oreilles s'inspirant pour l'occasion du roman "Notre-Dame de Paris" de Victor Hugo. Une adaptation très libre, bien entendu, mais qui a parfaitement su puiser dans la richesse du roman original. Visuellement réjouissant, le dessin animé offre de fantastiques plans, aux couleurs chaudes et enivrantes, le tout à travers des dessins soignés. L'intrigue se concentre sur le personnage de Quasimodo, le carillonneur de Notre-Dame, contraint à demeurer enfermer dans la cathédrale en raison de son physique difforme. A noter que dans le doublage français, on retrouve Francis Lalanne qui prête sa voix pour l'occasion, offrant ainsi une voix douce et agréable au bossu. Le personnage de Quasimodo est sensible, attachant et loyal, rêvant de liberté, à l'opposé de son horrible maître le Juge Claude Frollo, noir et cruel au possible, inculquant à Quasimodo depuis son jeune âge qu'il est un monstre, et que le monde d'en bas est bien trop hostile pour lui. Frollo apparaît comme l'un des méchants Disney les plus réussis, haineux envers le peuple gitan qu'il considère comme des parasites, des êtres inférieurs et mauvais, à l'influence néfaste sur le reste de la population. Avec le recul et un regard plus adulte, on se rend mieux compte de la violence des propos de l'odieux juge Frollo, à travers des répliques pourtant étonnamment explicites. Mais ce qu'il y a encore de plus surprenant, c'est de découvrir ce que le personnage éprouve en réalité envers la sublime et sauvage gitane Esmeralda. Ce que l'on interprétait enfant comme de l'amour, est en réalité une passion charnelle contre laquelle Frollo ne parvient pas à résister, haïssant la bohémienne et se haïssant lui-même d'un tel pêché. Une obsession qui le ronge, comme le prouve intelligemment la fantastique chanson "Infernale". Il faut dire qu'Alan Menken a fait un merveilleux travail, déjà responsable de la B.O de La Petite Sirène, La Belle et la Bête, Pocahontas, Hercule ou plus récemment de Raiponce. Chaque chanson a son importance toute particulière, en commençant par "Les Cloches de Notre-Dame" qui dresse le tableau, "Un Jour" qui évoque l'espoir de Quasimodo de vivre la vie de tout à chacun, "Charivari" durant le festival des fous, festive et joyeuse comme il était de mise, ou encore la magnifique chanson "Les Bannis ont droit d'amour", dans laquelle Esmeralda se confie à Dieu, plaidant humblement la cause des plus démunis. Il faut dire que les temps sont sombres pour les gitans, Frollo cherchant à découvrir leur repère nommé la Cour des miracles, ainsi que pour notre pauvre sonneur de cloches. La scène où la foule le malmène est révoltante et poignante, une violence purement gratuite et injustifiée envers ce pauvre bonhomme, dont la seule faute fut celle d'être différent d'eux. Secourue par Esméralda, qu'il aidera ensuite par la suite, il comprendra à travers la belle gitane que les différences de chacun, physiques ou "raciales", n'ont finalement pas leurs importances, puisque nous sommes tous fondamentalement égaux. Un hymne à la tolérance, à l'entraide et à l'acceptation de soi, à l'image d'un final fantastique qui ne manquera pas de nous filer quelques bons frissons. Mais si l'émotion est là, l'humour n'en est pas moins présent, à grand coups d'anachronismes réjouissants, de clins d'œils ("Achille, sur mes talons !"), de répliques croustillantes et de personnages mémorables. Impossible de ne pas songer aux trois gargouilles, irrésistiblement drôles, ainsi que Djali, la chèvre caractérielle d'Esmeralda. Phoebus est également amusant, notamment avec Quasimodo, les deux s'entendant comme chiens et chats, mais apprenant malgré tout à faire équipe pour venir en aide à la belle gitane. Surprenant d'ailleurs de voir le cœur de Quasimodo se briser (et au passage le nôtre du coup), lorsqu'il apprend l'idylle amoureuse d'Esmeralda et Phoebus. C'est bien sûr logique, mais c'est une situation assez inhabituelle pour un héros d'une production Disney, voire des dessins animés en général. Néanmoins, une fois le générique de fin tombé, on finit avec le sourire et le cœur gros. Un long-métrage magnifique, à découvrir ou redécouvrir, il vous enchantera à coup sûr.