Troisième film du Maître et premier film où il n'apparaît pas. Jusqu'à maintenant, KITANO avait fait des films au caractère plutôt violent et dont, justement, il était l'avatar. Même si dans Jugatsu la violence n'est pas le sujet principal, elle n'en est pas pour autant moins présente. Ici, pas de violence donc, comme vous l'aurez compris! Mais l'apparition d'un des grands thèmes abordés par KITANO, la mer - le bleu. Après la sortie de ce film, on a commencé à parler du bleu KITANO, ce fameux bleu-gris dont l'évocation va de paire avec le Maître. Elle est l'image même du film, sa représentation linéaire. Shigeru, le héros du film, est sourd muet. Sa petite amie ne dit pas un mot non plus de tout le film. Takeshi a essayé de le tourner comme un tableau avouera-t-il, mais avec 24 images par seconde! Encore un peu plus de mutisme et de non-dit donc. KITANO voulait que ce film soit visuel et non pas narratif. Le long métrage peut-être perçu comme une nouvelle introspection de son auteur, une nouvelle fois l'expression de KITANO et non pas de BEAT Takeshi (cf. Takeshis'). Ce qui est intéressant dans ce film, je trouve, c'est la relation entre Shigeru et sa petite amie. Cette façon qu'ils ont de se suivre, de s'attendre l'un l'autre, d'aller se chercher ou de se courrir après. C'est un dialogue basé sur le mouvement et le besoin de l'autre. Une relation inhabituelle qui prouve, si besoin en est, que KITANO sait parler aux spectateurs sans dire un seul mot... Le scénario est simple. Shigeru trouve un jour une planche de surf abîmée et la récupère. Dès le début du film, il regarde la mer avec obsession et envie. Le surf sera pour lui le moyen d'y accéder et aussi, je pense, de remplir sa (morne?) vie. Un beau film, au dénouement prévisible si on connaît le réalisateur. Un film que Takeshi qualifie lui même comme comportant des erreurs mais aussi de véritables trouvailles artistiques. Un film intéressant, vraiment
Troisième film du réalisateur, humoriste, et désormais producteur japonais de génie, ce A SCENE AT THE SEA se révèle, comme le confirme si bien le rédacteur Léonard Haddad: «...une exploration sur la durée des moments de creux et de pause qui illuminent chacun de ses autres films.» Il s'agit de son oeuvre la plus couillue, la plus déroutante, après Jugatsu, mais les plus tenaces y sentiront tout comme moi l'empreinte d'une profonde humanité, d'une profonde authenticité. Dans A SCENE AT THE SEA, pas l'ombre d'un rythme, ni même d'une véritable intrigue (cette dernière se résumant à l'itinéraire d'un jeune sourd-muet se découvrant une passion pour le surf); tout se voit réduit à une succession de tableaux animés, souvent marqués par un style ouvertement poétique, sans aucun effet baroque gratuit, pourtant. Kitano n'y joue pas, pour l'occasion. Ce seront les deux acteurs principaux, interprétant un jeune couple de sourds-muets, qui m'auront bouleversés, tout comme la splendide musique de Joe Hisaichi, sans doute pour beaucoup dans la réussite du film. Malgré les petits faux-pas d'un réalisateur qui s'expérimente encore, A SCENE AT THE SEA mérite son statut de perle rare.
Le silence quasi-permanent dans lequel est plongé le film (les deux héros sont sourd-muets (!)) permet d'apprécier davantage le poésie qui émane des aventures de notre surfeur (re !).
Superbe réalisation. Les plans sont tous réfléchis, cadré et avec du sens. L’utilisation du non sons est également très bien géré. L’histoire est touchante. Bon film
Loin des films Yakuza, Kitano développe ici un film qui révèle une nouvelle facette du réalisateur. Très artistique, il regroupe à la fois la peinture, la musique et la poésie. Ce film avec son contraste froid réussi à rendre cette banlieue très chaleureuse. Il n’est pas le meilleur film de Kitano et pourra paraitre simple pour certain ; mais il reste néanmoins un essai qui va permettre par la suite au réalisateur de mettre en scène Dolls et Hana-Bi, de plus il marque la première collaboration entre Joe Hisaichi et Kitano.