Depuis maintenant une quinzaine d'années, j'ai l'habitude de me faire un cycle annuel Nicolas Cage en cette période automnale de fin octobre-début novembre. 2015 ne dérogeant pas à la règle, "Cotton club" (de Coppola), "Birdy" (1985), "Rock", "Les ailes de l'enfer", "Lord of war" (passé sur Arte pendant l'été), "12 heures" et "Tokarev/Rage" (découvert par hasard) font ainsi partie de cette semi-rétrospective du neveu de Coppola que j'ai décidé de suivre.
Commençons donc par "Cotton Club", les années très 80's du metteur en scène du "Parrain", escamoté par le tournage et le travail fourni sur son film désormais mythique "Apocalypse now", mais aussi par ses déboires financiers engrangés par sa première réalisation des années 1980 ("Coup de cœur", avec notamment Raul Julia), désastre critique suivi par "Rusty James" et "Outsiders" (véritables dénicheurs de talent : Dillon, Swayze, Cruise...), puis "Cotton club".
Histoire : sous fond de prohibition et de la lutte entre gangs de la mafia du New York des années 1920-1930, l'irrésistible ascension d'un trompettiste travaillant pour le compte d'un certain Dutch le hollandais.
Ici, Francis Ford Coppola , crédité Francis Coppola au générique, ne s'échine pas à donner de l'importance à son histoire mais plutôt davantage aux parties chantées/dansées. De par une image vert-bleutée adoubée d'une lumière plus ou moins importante ainsi que par l'utilisation d'un jeu d'ombre parfaitement maîtrisé, on peut remercier Stephen Goldblatt le directeur photo (il a travaillé pour Tony Scott ("Les prédateurs") et Alan J. Pakula ("Jeux d'adultes", "L'affaire pélican"), ...) et John Barry, le compositeur bondien de "Danse avec les loups", qui apportent toute leur énergie à combler les lacunes d'un scénario peu trop fouillé par ses séances intéressantes et diablement maîtrisées par l'un des maîtres du Nouvel Hollywood.
Le réalisateur de "Dracula" proposant aussi de ranger au second rang ses thèmes de prédilection (famille, loyauté, amitié) pour mieux parler de racisme, ségrégation et lutte des classes au travers du personnage de trompettiste, incarné ici par un Richard Gere (qui a commencé à se faire un prénom grâce à Malick ("Les moisons du ciel") et Schrader ("American gigolo")) parfait, et jouant lui-même (sic !) de la trompette pour les besoins de "Cotton Club". Trompettiste qui se produit au Cotton Club qui brasse les plus grands gangsters (Dutch), les plus grands numéros d'artiste (Cab Calloway, des danseurs de claquettes, lui-même...), la fine bouche de la population new-yorkaise de ces années gangrenés par la pègre.
Toujours côté casting, le tout jeune Nicolas Cage (alors à ses débuts !! : déjà observé dans le "Rusty James" de son oncle), James Remar parfait dans le rôle de Dutch ("La chasse" avec Pacino, "Croc-blanc", "Psycho"...), Fred Gwynne ("Sur les quais", "Liaison fatale"), mais aussi toute cette génération des années 1990 aujourd'hui reconnue : Diane Lane, Laurence Fishburne, Bob Hoskins, Tom Waits, Jennifer Grey, Diane Venora, Woody Strode (voir leur filmographie respective pour en juger).
Coppola n'en n'oublie pas pour autant le voyeurisme qui caractérisait ses débuts (le tonitruant "Conversation secrète" ne vient pas à l'encontre de mon argument), et c'est bien au son des flingues, mitraillettes et autres coups dans la panse que Francis accompagne Richard Gere au gré du métrage dans une mise en scène certes classique certes, mais d'une étonnante roublardise.
Pour conclure, "Cotton club" (1985), échec commercial à sa sortie, mérite tous les détours. Un agréable divertissement, en somme.
Spectateurs, attention aux balles perdues !
Interdit aux moins de 10 ans.