« Un singe en Hiver » de Henri Verneuil est sorti en 1962 et il n’a pas pris une seule ride ce qui pour moi est le gage d’un film de qualité ! Inutile de rappeler le sujet de ce film tiré du roman homonyme de d’Antoine Blondin. Le jeu de Jean Gabin est un peu trop théâtral, déclamatif comme souvent dans ses « vieux rôles » même si à l’époque il n’avait que 58 ans. Par contre Jean-Paul Belmondo avec ses 29 ans crève l’écran dans ce rôle de matador/danseur espagnol au cœur tendre revenant à Tigreville pour reprendre sa petite Marie, 10 ans, dans la pension Dillon. Le rôle de Noël Roquevert en « Landru » et patron du « Chic Parisien » où un gilet attendait justement depuis 30 ans d’être acheté pour la petite Marie, est superbe. Quant à la présence de Suzanne Flon, identifiable dès ses premières paroles, est d’une grande finesse lorsqu’elle parle de la Bourboule où elle à connu son mari et quand elle dit à Belmondo « Il ne faut pas parler du Yang-Tsé-Kiang (à son mari, Jean Gabin alias Albert Quentin, patron de l'hôtel « Stella » à qui « manque non pas l’alcool mais l’ivresse »). C’est mauvais pour lui. J’ai peur que vous ne lui redonniez le goût des voyages ! » Il y a dans ce film une profusion de paroles en or liées à la patte de Michel Audiard … A noter enfin dans la bande musicale l’incontournable « Nuits de Chine » et un thème musical repris dans « L’île nue » de Kaneto Shindô (1960) mais dont je ne connais pas l’origine. Après l’histoire des petits singes errant en hiver dans les villes de Chine racontée à la petite Marie, l’épilogue - « et le vieil homme entra dans un long hiver » - prend d’autant plus de valeur qu’on est soi-même âgé !
Un Singe en Hiver est un film de Henri Verneuil sorti en 1962 avec Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo. Comédie dramatique qui dédramatise l'effet de l'alcool sur les gens, le métrage donne ainsi lieu à de très belles scènes de complicité entre le maître et son apprenti, l'une des représentations les plus fidèles de l'ivresse, s'achevant sur un final "dantesque", pour reprendre le terme de Albert Quentin (Gabin). Classé 135ème meilleur film sur Allociné, cette production nous fait passer un bon petit moment de cinéma, en faisant abstraction du contexte de guerre de l'époque, moquant à tout va Seconde Guerre Mondiale, et en justifiant l'ivresse par le désir de s'évader.
L’esprit ibérique se délocalise en terre pluvieuse. Un état second livre fiestas et corridas à un vieux soldat éteint par le bonbon du soir.
Dix sept jours de beau temps en été rivalise en vain avec un soleil perpétuel ranimé au picon bière sur une terre venteuse n’offrant que la belote et le pastis comme chemin vers les étoiles.
La parole donnée est lézardée par la fougue d’une jeunesse refusant dans un premier temps de traverser le corridor d’un ennui profond. Le jeune régénère le vieux qui le temps d’une soirée retrouve l’esprit de ses vingt ans voguant sur un yang tse Kiang devenu plus mental que féerique.
Deux générations le temps d’une soirée illumine un ciel normand désespérément sombre. Un comportement choisi trop longtemps cumulé s’applique au mépris d’une faune locale assoupie ingurgitant du mauvais vin.
Le jeune s’entretient par le chagrin d’amour pendant que l’ancien se régénère à l’écoute de ces férias incessantes contées par ce jeune père aux responsabilités embrumées par la fête.
« Le singe en hiver » sorte de « Quai des brumes » désopilant montre l’autochtone de base harassé par l’ennui et les vents incessants. Bloqué par une mer omniprésente qu’il ne peut traverser, il ne survit que par un passé commémoratif, la cueillette du bigorneau et la déferlante estivale parisienne.
L’œuvre est cynique, la différence entre ces deux nostalgiques et ces légumes endormis est appuyée presque blessante, irrespectueuse entre un monde méprisant l’autre en s’octroyant par ses perceptions un droit de cuisage intellectuel.
Le petit peuple privé d’une véritable conscience répète inlassablement sa médiocrité sur un site désolé brusquement réveillé par la délivrance d’un excès que l’on ne peut reconduire, une sorte d’orgasme de lumière avant de s’enfoncer dans un long hiver.
Apologie de l'ivresse, que l'auteur (Albert Blondin ou Audiard?) distingue évidemment de l'alcoolisme (et des "cuites mesquines" comme le dit Gabin dans le film), "Un singe en hiver" marque la rencontre dans un village normand pluvieux entre un jeune voyageur et un vieil hôtelier. On attend le moment où le premier entrainera le second, buveur repenti, dans ses saouleries. Rêves de triomphe tauromachique pour l'un, aventures sur le Yang Tsé Kiang pour l'autre, Fouquet et Albert n'ont pas l'ivresse médiocre en effet, et Michel Audiard s'en donne à coeur-joie dans le délire aviné tout en délivrant quelques aphorismes sur l'art d'être ivre. Le film aurait pu n'être qu'un concours de cabotinage entre Gabin et Belmondo. Henri Verneuil évite cet écueil, esquissant deux portraits assez justes, celui d'un homme vieillissant qui boit pour tromper son ennui, celui d'un jeune homme qui se saoule pour oublier ses problèmes. Verneuil est habile à exprimer la relation entre leurs rêveries alcoolisées et la grisaille de leur existence. De sorte que la comédie n'est pas sans quelques touches d'amertume. A cet égard, le couple de vieux provinciaux tranquilles que forment Jean Gabin, dont on devine bien ce que lui coûte l'abstinence, et Suzanne Flon, inquiète de la relation entre son mari et Fouquet, fonctionne de façon convaincante.
Une comédie culte par sa recontre entre les deux monstres sacrés que sont Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo. La rénovation récente du film est éblouissante et la photographie est de toute beauté ( l'une des plus belles que j'ai vu pour un film en noir et blanc). Henri Verneuil appose ici particulièrement sa patte avec une mise en scène très réussie. Le récit est quelque peu distendue et tatonnant mais cette indiscipline inhérent à beaucoup de films de l'épôque apporte un certain charme. On retiendra quelques dialogues hilarants signés Audiard ainsi qu'une scène hallucinante de tauromachie avec des voitures par le personnage de Bebel. Sans oublier l'explosion finale. Si le fond sur la solitude et l'alcoolisme ne fait pas dans la subtilité ni pousse très loin la chose, la dernière partie est surprenante par sa mélancolie. Le contraste est alors particiulièrement intéressant. En conclusion, si ce film ne fait pas partie de ceux de cette épôque que je pourrais regarder en boucle, il est indéniablement indispensable pour les amateurs du cinéma français de cette décennie. Un film original, drôle et mélancolique dont on pardonne aisément les quelques egarements. De toute façon, rien que pour voir ces deux acteurs au sommet de leur art, ce film vaut le détour.
Les dialogues d' Audiard, la fougue de Bebel, le jeu époustouflant de Gabin : ce film est une petite merveille, une pépite à ne pas mettre entre toute les mains. Ne vous attendez pas à un film d' action avec des explosions à tout va, l' histoire aura quelques longueurs qui seront vite oubliées lors des scènes épiques d' ivresses, le jeux d' acteurs sensationnel est à montrer dans toute les écoles de cinéma. Une belle poésie traduite par un professionnalisme hors pair.
Long-métrage avec une belle tête d'affiche, "Un singe en hiver" jouit donc de la présence de grands acteurs. Ces derniers sont plutôt convaincants dans leur rôle respectif mais le scénario ne permet pas d'être pleinement captivé. Par ailleurs, la réalisation est assez intéressante tout en perdant de la qualité avec l'âge. De fait, le film est plaisant sans plus.
C'est ce qu'on peut appeler du très bon cinéma à la française des années 60. A cette époque de nombreux films français sont encore tournés en scope noir et blanc ce qui accroît parfois l'intensité dramatique et ce qui met en valeur les gros plans, mais ici la couleur aurait été utile et c'est bien le seul reproche à faire à ce film! C'est une excellente comédie au sens large et noble du terme autour d'une équipe solide que ce soit Henri Verneuil le réalisateur, Michel Audiard le dialoguiste ou Michel Magne à la musique. Tous ceux qui donne la réplique à Jean Gabin sont parfaits ( Jean-Paul Belmondo d'abord,mais aussi Paul Frankeur, Noël Roquevert, ou Suzanne Flon).Cette comédie n'est pas une apologie de l'alcoolisme, mais au pire une dérision et au mieux un remède...C'est aussi un film qui sonne juste par ses décors ( souvent réels) et par l'émotion qu'il engendre.
Et, avec « Un singe en hiver », Antoine Blondin -les plus beaux écrits sportifs sont de sa main- savait de quoi il retournait. En nous livrant cette histoire, cette brève rencontre de deux alcooliques : Albert Quentin (Gabin) le vieux et Gabriel Fouquet (Belmondo) le jeune, en rupture de ban amoureux.
L’histoire se déroule sous une pluie triste et normande en bord de mer, où A. Quentin -retiré des comptoirs- tient un hôtel avec sa femme, jouée par la toujours fine Suzanne Flon. Lorsqu’arrive cet ancien Matador encore ivre de douleurs et se noyant donc dans force bouteilles. Le vieux Quentin se voit rappeler… Le temps d’une nuit -mémorable- ils vogueront ensemble sur une mer aux flots alcoolisés, l’un pour le Tonkin, l’autre vers l’Espagne…
Verneuil met tout cela très bien en image, sans chichi, le principal étant fait : une bonne histoire servie par deux grands interprètes.
Alors à revoir « Un singe en hiver », il y a une petite nostalgie noire et blanche mâtinée d’une tendre ritournelle, mais pas seulement. Le film est émaillé de très bons seconds rôles (Paul Frankeur, Noël Roquevert, et Gabrielle Dorziat en ineffable directrice de pension).
L’ensemble nous fait passer un bon moment sans faiblir. Certes le film nous vante le talent de l’alcool, parfois. Blondin en est mort, son portrait trône au Bar « L’assignat » Paris 6e, où je me suis retrouvé,une fois, une seule, fin
Un très beau film de Verneuil, de ceux que le temps n'a pas affecté: les performances de Gabin et Belmondo sont excellentes, le récit est fluide et sonne juste, et le propos divertissant cachant (à peine) une réflexion profonde. Sur ce dernier point, je suis en désaccord avec ceux qui y voit une apologie de l'alcool: l'alcool est un moyen et non une fin dans ce récit, un moyen de se souvenir du passé aventureux, emprunt de folie et de surprises, auquel Gabin a du renoncé au fil des ans pour vivre auprès de sa femme dans son auberge. Mais voilà, cette vie "l'emmerde" comme le dit son personnage, et l'alcool est le compromis qui lui permet de sortir de la monotonie de son quotidien, sans quitter sa femme. Si l'on peut discuter du bon fondement de cette pratique, le film a le mérite de soulever des problèmes, surtout pour l'époque, qui reste d'actualité: pourquoi se saoule t-on ? pourquoi pouvons nous être stable sentimentalement et professionnellement sans être heureux ? Vaut-il mieux tout plaquer et repartir à l'aventure ? Ou utiliser un substitut occasionnel pour remédier à son insatisfaction ? Une réflexion très intéressante et très humaine.
Un fabuleux duo de guignol Gabin/Belmondo, c'est impeccable pour un film dont le thème principal est l'alcool (sujet que je j'aime beaucoup au cinéma). C'est souvent drôle et touchant mais Verneuil montre aussi les mauvais côtés de la consommation d'alcool, en plus de tout ça, c'est très beau visuellement avec ses plages à l'entrée de l'hiver, des éclairages froids, vraiment un grand film.
La bonne forme d'Audiard est décidément un critère variable et primordial dans la qualité des films auxquels il participe. Cette fois-ci, il a caché de multiples pépites qui auront de quoi faire glousser régulièrement qui saisira la référence souvent datée (forcément). Cette oeuvre-ci est vraiment portée par ses mots, sans faire dans la demi-mesure pour constituer une apologie convaincante et poétique de l'ivresse ! La chose n'a rien de choquant dans un film de 1962, et pourtant Gabin y vante on ne peut plus clairement les effets psychotropes de l'alcool. La censure serait tellement prompte à se jeter sur un tel morceau de nos jours.
Une comédie dramatique qui mérite sa place dans le panthéon du cinéma français, qui plus est réunissant deux des plus grosses vedettes du cinéma là encore français de l'époque ! Le jeu de ces derniers est comme toujours, parfait. L'histoire n'a rien d'originale, mais elle rend le film sympathique, drôle et donc divertissant. Mais plus que çà, c'est surtout le lien d'amitié entre les deux protagonistes et les dialogues qui font de ce film une merveille ! A voir et à revoir !