Un film ringard et consternant.
Cela faisait bien 15 ans que j'attendais de le voir, et à écouter les critiques, il fallait s'attendre à un pur chef-d'oeuvre. Au lieu de ça, un film au scénario vide et creux, deux acteurs qui cabotinent chacun de leur côté, dans une succession de scènes moins drôles les unes que les autres. Il faut avoir une patience infinie pour regarder pendant 1h30 Gabin radoter sur le Yang-Tsé-Kiang et imiter de la trompette militaire, et Belmondo casser des verres ou des vitres entre deux pas de corrida. Le plus difficile à comprendre, pour moi, lorsque je lis les critiques élogieuses, c'est comment on peut ne pas être gêné par la morale de ce film: car il s'agit bien de deux poivrots qui ont l'alcool agressif, mégalomane et méprisant, et dont chacun excuse les fautes de l'autre par leur état d'ébriété, qui excuserait tout: "ben vous voyez bien, il est rond, laissez-le". Le rejet des villageois, vus et nommés comme des arriérés, des culs-terreux, est omniprésent dans le film: il y a les ivrognes classe (Gabin/Belmondo), et les ivrognes pas classe (les autres). Ainsi, les deux hommes gâchent la vie de leurs proches (pour Gabin, sa femme, pour Belmondo, sa fille) mais le film donne à les voir en héros, presque en résistants face à la médiocrité. Car la sobriété, c'est le petit village qui est vu comme un trou, où tout le monde s'ennuie, sauf les ivrognes. Il y a de nombreux films où les dialogues d'Audiard font mouche: ici, ils tournent à vide, une sentence par ci, un aphorisme par là, c'est déconnecté et à côté du sujet. Enfin, il y a dans ce film tout ce que j'ai peine à aimer, la virilité qui ne se prouve qu'avec une bonne paire de baffes, sans motif de préférence, ou une grande gueule, et le nombre de verres avalés. Bref, mon avis est sans équivoque: un beau navet, à la morale douteuse et qui consacre les beaufs et les matamores.