J'avais vu ce film quand j'étais bien jeune, et j'avais gardé en mémoire l'atmosphère suspendue, angoissante, d'un Barcelone aux couleurs passées, engoncé dans le franquisme (même si le film date de 1978), et d'un Lino Ventura perdu dans une histoire pleine de silences, de cases vides, de mystères. Un film avec son aura de film culte quoi que discret. Ce soir j'ai revu Le Papillon sur l'Epaule, à la fois envoûtée et frustrée. Nous, spectateur, sommes comme Lino Ventura, à la fois étrangers et coincés dans une histoire qui ne nous concerne pas. Tout est si fragile, l'humain, le destin, le hasard, une porte qui s'ouvre, la santé mentale, la vie... On est, comme le héros, trimbalés, on doute de tout et de tous, on ne sait plus à qui se fier. Il est pétri d'angoisse, ce film, à déconseiller à tous ceux qui ont une tendance parao sinon schizo ! La morale de l'histoire n'est guère plus rassurante, et on pense longtemps au gentil fou avec son papillon sur l'épaule. J'ai maintenant envie d'en savoir plus sur Jacques Deray, et quelle a été son envie de faire ce film à la sourde mélancolie. Histoire de continuer l'enquête !