Un film intéressant et très original de Catherine Breillat qui se situe dans une certaine lignée d’un cinéma surréaliste et fantasmagorique. Le scénario assez basique sert de prétexte à l’évocation de fantasmes, et de rêveries sexuelles. Une jeune fille rentre chez elle pour les vacances dans les Landes,elle est habituellement en pensionnat, c’est l’été et la jeune fille va vivre des émois successifs, sa sexualité est en train d’exploser et elle est assez libre sur le sujet. Elle essaye de séduire quelques hommes et tout particulièrement un jeune ouvrier très beau qui travaille à la scierie locale. Elle confie ses secrets et ses rêves à un journal intime écrit à l’encre rouge. Elle joue beaucoup avec son sexe et cela donne lieu à des scènes parfois un peu fortes qui expliquent l’interdiction à l’époque de sa première sortie en 1976 . de manière explicite sur une plage de sable, une autre scène ou le jeune homme lui découpe un ver de terre sur le mont de venus , quelques scènes de sexes masculins, dont celui de son père en train de se masturber devant sa télévision ( le formidable acteur de second rôle Bruno Baly, à la bonne tête débonnaire, complètement à contre emploi.). Mais ce n’est pas du tout un film porno, ni même un film érotique, il n’y a aucune scène de rapports sexuels. Le film est aussi déjà très féministe, la JF veut des rapports protégés et ne veut pas tomber enceinte ( elle demande à son fiancé de lui ramener des pilules de Suisse),la mère a des revendications d’ indépendance, les femmes sont fortes , affirment leur sexualité et dominent les hommes . Certaines scènes peuvent rappeler « le Chien andalou » de Bunuel ou certains textes de Pieyre de Mandiargues, comme celle de la tête de poulet tranchée dont le sang s’égoutte dans un verre, ou la tentative de séduction dans une mini voiture rose, ou la scène où la JF s’offre cuisses grandes ouvertes à la vague de la marée montante, en bord de mer. C’est un film au ton très libre, très « révolutionnaire », dans la lignée d’un certain cinéma post soixanthuitard, mais avec une élégance toute particulière dans le style, qui montre déjà ce que sera par la suite le cinéma de Breillat.