Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Appeal
162 abonnés
569 critiques
Suivre son activité
4,5
Publiée le 18 janvier 2013
Deuxième film de Kurosawa que je vois, et c'est une vraie révélation, tout cela en attendant de voir Les Sept Samouraïs qui s'annonce déjà fantastique pour moi. En attendant, ce Chateau de l'Araignée ne m'a pas autant plu que Rashomon, reste que j'ai passé un tres bon moment.
Je ne connais pas Macbeth de Shakespeare, j'en connais les grandes lignes mais je ne l'ai jamais lu. Donc je jugerai Le chateau de l'araignée en ignorant l'oeuvre de W.S . Car une fois encore, même si l'histoire originale se déroule en Angleterre et en Ecosse, Kurosawa a bien senti son sujet pour l'adapté avec les codes japonnais, et en faire une critique constructive. Encore une fois, comme Rashomon, la critique principale de l'oeuvre concerne les questions d'honneurs et les tentations qui entourent ces questions. Ici, Kurosawa critique l'ambition et la folie du pouvoir, qui met a bas les principes d'honneurs, de respect et de vérité. Comment aussi nous sommes prêt à entendre uniquement ce que nous voulons entendre, et que nos tentations nous aveuglent ou nous rendent sourd. Comment les beaux discours, qu'ils soit prophétiques, ou délirants, comme celui de la femme du général Washizu, vous amène a faire les pires âneries, a vous mener a votre propre perte et à celle de vos sujets. Toshiro Mifune est incroyablement barge dans son rôle, possédé par la folie tandis que Isuzu Yamada est une Eve des temps des samouraïs, véritable tentatrice, et incarnation de la puanteur de l'ambition. Outre cela, les plans sont travaillés et le montage réussit, on est jamais perdu, ni ennuyé par une progression maitrisée. Un tres bon film.
13 920 abonnés
12 474 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 25 juillet 2010
Le travail de Kurosawa sur "Le château de l'araignèe" est beaucoup plus l'oeuvre d'un metteur en scène que celle d'un auteur! A part l'hallucinante scène finale (Macbeth transpercè de mille flèches), la pièce de Shakespeare est en effet scrupuleusement respectèe, mais le traitement visuel est absolument prodigieux! Kurosawa traite certaines scènes avec un dèpouillement digne du thèâtre Nô puis dèchaîne brusquement une pluie diluvienne sur des personnages sanguignolents, hurlant et gesticulant avant de replonger dans des images brumeuses d'où n'èmergent que les silhouettes indistinctes de deux cavaliers perdus dans une blancheur laiteuse! Le rèsultat est beau et fort shakespearien avec son atmosphère survoltèe de bruits et de fureur...
Nous sommes au Japon féodal alors que les guerres civiles font rage. Rentrant victorieux d'une nouvelle bataille, les généraux Washizu et Miki font la rencontre d'un esprit dans une forêt. Celui-ci leur fait une prophétie : Washizu deviendra seigneur du château de l'Araignée à la place de Tsuzuki tandis que le fils de Miki lui succédera. Troublé par cette prophétie, Washizu se confie à sa femme Asaji. Celle-ci lui conseille de forcer le destin en assassinant Tsuzuki de ses propres mains... Vous l'aurez compris, "Le Château de l'Araignée" est une adaptation de "Macbeth" par Akira Kurosawa. C'est d'ailleurs à ce jour la meilleure adaptation de la pièce. Si Kurosawa a confié avoir oublié l'histoire de "Macbeth" pour faire de cette histoire une histoire de son pays (qui fut lui aussi déchiré par les guerres de clans pendant une longue période), l'intrigue est essentiellement la même. On y retrouve d'ailleurs la Lady Macbeth la plus terrifiante de l'histoire du cinéma en la personne d'Asaji, incarnée par Isuzu Yamada. Fourbe, influençant sans scrupules son mari pour qu'il accède au pouvoir, Asaji est un personnage fort, retors et sans remords. Washizu, lui, est plus nuancé, rongé peu à peu par ses actes et par sa paranoïa qui lui font massacrer tous ses proches pour garder le pouvoir. Dans ce rôle, c'est Toshirô Mifune que l'on retrouve, forcément impeccable dans ce personnage complexe et torturé, violent et en proie au doute. Mais "Le Château de l'Araignée" doit beaucoup à sa mise en scène. Visiblement très inspiré, Kurosawa puise ses influences dans le théâtre Nô : les mouvements des comédiens sont minimes et leurs expressions se concentrent essentiellement sur leur visage ou alors à l'arrière-plan. Tourné au pied du mont Fuji, là où le décor du château a été créé, tout le film baigne dans la brume et prend vite des aspects gothiques, voire surnaturels. La forêt et son esprit, le château et sa brume, les arbres s'avançant vers le château, les flèches s'abattant sur Washizu lors de la scène finale... Kurosawa fait en sorte d'imprimer dans notre esprit des images fortes, pas loin de l'expressionnisme. Que ce soit lors des scènes d'actions spectaculaires ou des scènes plus intimistes où l'esprit des personnages est mis à mal par la prophétie, la mise en scène est magnifique, imposant "Le Château de l'Araignée" comme un Kurosawa majeur, reflet de la folie des hommes et de leur ambition. Shakespeare n'est pas loin et le cinéaste japonais ne cessera de prouver son talent de dramaturge à de nombreuses autres occasions.
Malgré une réalisation que l'on imagine de haut-niveau pour l'époque, et l'ampleur de la mise en scene, cette adaptation de Shakespeare (Macbeth) se distingue par de grosses longueurs. Je le recommande quand meme pour Toshiro Mifune, un acteur exceptionnel, et le coté "Japon des anciens temps", qui est retrancrit avec soin.
Kurosawa restitue tout un art, venu du théâtre japonais, du rituel, de la stylisation des gestes, des costumes (les costumes guerriers sont stupéfiants), du maquillage, dans sa mise en scène cinématographique. Le brouillard est plus qu’un simple accessoire, ça devient un élément agissant, comme la forêt. Le sens du surnaturel presque animiste tire le film vers le fantastique. Kurosawa réussit à magnifier un sommet de l’art dramatique anglais, européen, avec un art spécifiquement japonais, sans dénaturation. C’est ce qui s’appelle toucher à l’universel.
Une réalisation grandiose, un grand nombre de plans incroyables (notamment ceux avec du brouillard ou la brume). Un scénario adapté de MacBeth donc parfait pour le cinéma. Le jeu des acteurs est traditionnel et augmente encore la théâtralité et la densité du récit. Un chef-d'oeuvre de plus pour Kurosawa.
Si la musique d'ouverture de Yojimbo laissait présager de l'aspect comique qui allait suivre, celle du Château de l'araignée est sans appel : Kurosawa instaure immédiatement une ambiance sombre et pessimiste (tragédie shakespearienne oblige) tout en exposant dès le départ les conséquences de l'histoire qui va se dérouler. Cette atmosphère inquiétante prépare le spectateur à l'arrivée du fantastique dans le récit, qui correspond au moment où Washizu/Macbeth rencontre un esprit dans la forêt de l'araignée. C'est la première fois que je vois le réalisateur s'attaquer à ce registre. Bien qu'il emploie que des effets usés, comme le brouillard investissant peu à peu la clairière ou les croassements irréguliers des oiseaux, la séquence fonctionne grâce aux enjeux narratifs imposants mais aussi grâce à son rythme. Kurosawa a eu la bonne idée d'étirer les scènes (la comptine de l'esprit puis la fuite à travers la forêt et la brume) jusqu'à les rendre étrangères à toute notion de réel, pour un résultat des plus saisissants. Ce rythme particulier se retrouve à d'autres moments dans le film (la longue scène du repas par exemple), servant cette fois-ci à suggérer la folie dans laquelle tombe progressivement le personnage principal. Par ailleurs, il est intéressant de voir que Lady Macbeth, qui pousse son mari à commettre un crime, est représentée comme un être vil et inhumain. Souvent séparée de son homme par le montage, elle reste parfois tapie dans le hors-champ pour dicter ses ordres, ce qui la rapproche habilement de la voix intérieure de Macbeth, rongé par le doute, puis par le remord. Le film prolonge donc les codes du fantastique pour rendre les conséquences des actes des époux encore plus dramatiques. Sans surprise, Akira Kurosawa s'est facilement approprié l’œuvre de Shakespeare et orchestre parfaitement la descente aux enfers du personnage principal. Le réalisateur s'est même permis de modifier légèrement la scène finale, concluant cette histoire avec une ironie mordante.
Encore un Kurosawa avec Mifune, oui mais cette fois il s'agit d'une transposition dans le Japon médiéval du Macbeth de Shakespeare! Les amateurs de chanbara retrouveront avec plaisir tous les éléments du genre, ans le plus pur style de Kurosawa. Le spectateur lamba pourra cependant être décontenancé devant la lenteur contemplative de certaines scènes, ainsi que le surnaturel qui hante le film d'un bout à l'autre. Moins spectaculaire que les autres chanbara, Le château de l'araignée est une œuvre à part, qui peut repousser ou fasciner le spectateur. L'amateur de films de sabre pourra ne pas y trouver son compte...
Kurosawa nous impose sa vision de l'homme ambitieux prêt à tout pour atteindre la place ultime dans la hiérarchie japonaise. Malheureusement, la folie est un facteur à ne pas prendre à la légère. Mifune est implacable dans ce rôle à la fois poignant et grandiose, toujours aussi charismatique, l'acteur nous prouve qu'il était largement l'un des plus doués de sa génération. La mise en scène à la fois monotone et dramatique est une des armes les plus efficaces du maître Kurosawa.
Du grand Kurosawa... Une adaptation brillante de Macbeth de Shakespeare, transposée dans le Japon médiéval, a la mise en scene naturellement extraordinaire, Akira n'est pas un guignol, et au scenario d'une grande finesse. Un film envoutant et saisissant, et même une véritable leçon de cinéma, qui montre a merveille la manière dont Akira Kurosawa travaille sur l'adaptation, c'est tres intéressant.
Adapter Shakespeare au cinéma. Lexercice de style est loin dêtre nouveau. Mais quoi de plus incongru que de retrouver lune des pièces majeures de luvre du maître portée sur grand écran par un réalisateur japonais (et pas des moindres) dont la sensibilité et la culture sont intrinsèquement différentes ? Si lécueil du théâtre filmé a été le résultat de bon nombre de films sétant aventurés sur les pentes savonneuses de ladaptation, Le château de laraignée déroge brillamment à la règle. Le génie de Kurosawa aura été de récupérer le MacBeth original, se lapproprier entièrement et le transposer, le « conjuguer » au temps du Japon féodal, selon les codes et affects propres à la culture nippone. Laboutissement de ce travail nen est pas dénaturant pour autant, la trame narrative restant suffisamment fidèle à la base inspiratrice malgré tout. Le film, dailleurs, est fortement empreint dun occidentalisme certain, en se référant régulièrement à ses mythologies et autres croyances. Le film crée ainsi une interpénétration singulière de deux cultures en apparence divergentes mais complémentaires, en définitive. Kurosawa livre, dans "Le Château de l'Araignée", une réflexion passionnante sur la nature humaine et les passions « inflammables » qui laniment jusquà la consumer, thème récurrent de son uvre. Si le film possède, aujourdhui encore, une résonance troublante quasi visionnaire, cest par luniversalité et lintemporalité de son propos, nous prouvant non sans amertume que « jadis, maintenant, rien ne change»...
Transposition très réussie de la pièce de Shakespeare "Macbeth" de l'Ecosse du XIème siècle au Japon du XVIème siècle. En faisant évoluer ses personnages dans des lieux brumeux, pluvieux, onirique parfois même aux confins du surnaturel, Akira Kurosawa cumule les scènes mémorables en limitant pourtant l'action du film en trois lieux : une forteresse, le fameux château et bien sûr cette fantasmagorique forêt. On retient surtout l'apparition de la sorcière au début du film, le plan du château dans la brume, l'assassinat en hors-champ du souverain et bien sûr Washizu criblé de flèches par ses propres hommes achevant le film par un des plus grands finals du cinéma. En outre le décor du château est impressionnant et Toshiro Mifune est impérial dans la peau de ce Macbeth japonais tout comme l'est Isuzu Yamada dans celle de la diabolique Lady Macbeth. Une oeuvre phare du Maître.
Le chateau de l'araignée est très réussi : transposition de la pièce de Shakespeare "Macbeth" dans le Japon du 16ème siècle, alors évidemment l'adaptation est parfois quelque peu libre, mais heureusement aussi. Autrement nous n'aurions pas eu droit à cette magie japonaise omniprésente ou à la fameuse scène de la forêt qui avance ou encore la trahison des sujets du nouveau seigneur, soit Toshiro Mifune, encore une fois excellent dans ce rôle. Le scénario est formidable et la mise en scène n'est pas moins que la réussite absolue, encore un chef d'oeuvre du maître Kurosawa pour lequel mon admiration grandit de jour en jour... A ne pas louper !!