C’est une simple balade allégorique, un poème sur un ciel enchanteur, la jeunesse, une époque, l’innocence consumée à travers les deux amoureux qui vont vivre leur expérience finale, dans cette romance impossible et endolorie à travers la mort certaine et le destin funeste qui leur est promis.
Et pourtant, pour un film qui parle d’amour, « La Balade Sauvage », premier film de Terrence Malick, est magistralement bleu, le gris, le jaune, le rouge, les âmes, le ciel… Un pixel bleu ou la fleur qui vient couronner la peine et la froideur d’une relation glaciale, d’un poème feutré et malheureux, un bleu sans estime et sans relâche, qui observe une épopée triste et morbide.
Car loin de toute cette action, ces événements, « La Balade Sauvage » se fait beau, intimiste, fort, émouvant, il caresse les dialogues, ses protagonistes, dans une lenteur totalement démentielle, ivre de liberté, un dernier quart d’heure avant que le voyage vers la mort ne touche à sa fin.
C’est aussi la contemplation des paysages qu’est « La Balade Sauvage », le ciel bleu, le ciel orange de l’aube et le ciel bleu, tacheté de nuages blancs, tel une valse aux sensations stériles. Le ciel est beau, les hommes sont immatures, inconscients, peut être fous, la philosophie d’une vie bleu, enveloppée soigneusement dans un jean et transcendant la magie de la mélancolie sous une musique enivrante.
Mais c’est également le sens du regard, « La Balade Sauvage » ou l’incarnation d’une idée précise du baroque, à travers les airs excessivement lucides de Martin Sheen et les yeux bleus fracassants de la naïve Sissy Spacek. C’est une idée meurtrie, subjective, habile, ingénieuse, sensible. Une idée de son époque, un idylle dangereux, aussi beau qu’un diamant.
« La Balade Sauvage », premier film de Terrence Malick, à bout de souffle, sans attache, sans rien, juste avec un peu de poésie. Ici, le cinéma est bleu, simple, et grand.