Injustement tombée dans l'oubli, cette comédie picaresque et burlesque est truffée de rebondissements inattendus et drolatiques. Comme dans toute farce à l'italienne, pensons à la Comedia dell'Arte, on y retrouve l'humour basique un peu pipicaca mais aussi une peinture sociale féroce où tout le monde est affreux, sale et méchant et quelques dialogues complètement décalés, résolument modernes.
Là où la sauce prend, c'est à travers des acteurs principaux de très haute stature, Vittorio Gassman, habitué du genre, et Gian Maria Volontè, plus connu pour ses rôles engagés. Les acteurs secondaires font, eux, partie des castings habituels des comédies de l'époque, du Pigeon au Grand Restaurant.
Pour haïssables ou pitoyables qu'ils paraissent au début de l'histoire, on leur découvre des qualités parfois nobles au cours de leurs multiples aventures et on finit par s'attacher à eux. Pauvres, pas bien malins, mais terriblement humains.
On notera également un souci des décors, entre réalisme historique et délires clownesques (les vêtements) ainsi qu'une bande son alternant la ritournelle militaire "Branca, branca, branca" et quelques notes de la Mort de Siegfried (Wagner, le Crépuscule des Dieux, qui servira plus tard d'introduction à l'Excalibur de Boorman).
Au final, ce film est un ovni, une pépite sortie bien avant Sacré Graal (Monty Python) et Kaamelott (Astier) mais qui n'a pas à souffrir de la comparaison.