Le Colosse de Rome est a évalué avec l’idée que c’est un budget famélique des années 1960. Un des derniers représentants du genre péplum en total perte de vitesse à cause d’une succession de trucs assez foireux. Le film arrive quand même à sauver les meubles ici grâce à la réalisation assez dynamique de Feroni, réalisateur avec du savoir-faire qui tire un assez bon profit de sa figuration pour tirer, vers la fin, son film vers le haut avec quelques scènes de batailles assez réussies. Il peut aussi s’appuyer sur des acteurs plutôt convaincants quoiqu’un peu théâtraux, mais le genre veut ça, en particulier un Massimo Serato excellent en Tarquin. Il porte le vice sur son visage, et s’amuse comme un petit fou dans ce rôle de méchant. Il y a quelques bons seconds rôles aussi, notamment Roldano Lupi. Il y a ensuite les acteurs corrects mais sans plus, comme Gabriele Antonini, Gabriella Pallotta et le héros lui-même, Gordon Scott. Ces acteurs font le travail, sans plus, faute à une écriture qui ne leur donne pas forcément grand relief, surtout le héros. L’introduction de Mucius, qui ressemble à une sorte de Maciste (il a les caractéristiques d’un homme fort mythologique) est catastrophique, et sa seule caractéristique originale tient à sa main !
Globalement le film arrive quand même à bénéficier d’un rythme correct, avec une intrigue politique à rebondissements et même, à petites surprises, notamment autour du personnage de Valeria. L’écriture est donc convenable.
Maintenant, faut passer à ce qui fache ! En dehors de sa figuration le film est fauché, et ça se sent. Décors minimalistes en carton pâte, costumes hétéroclites repiqués de tous les tournages possibles (on a même du combattant viking vers la fin !), montage atypique (il y a des transitions très curieuses par moment), on notera aussi une photographie souvent approximative, en particulier dans la première partie avec des scènes de nuit carrément illisible. Je me demande si le film est arrivé vraiment dans un état convenable, si certains de ces défauts ne sont pas liés à un parcours de vie chaotique, mais faut admettre que ça fait film malade par moment. Côté scénario, si l’intrigue politique se plaçant aux débuts de la république romaine tient la route et est originale (cette époque est très rarement exploitée), on notera une tartine de naïveté souvent assez peu digeste, et des facilités scénaristiques incroyables (le coup de l’arbre super bien placé qui succède déjà à une chute assez grotesque). Le film dégage une candeur amusante, mais bon, autant dire que ça peinera à emballer le spectateur actuel (et déjà à l’époque ça devait être assez kitsch).
Pour ma part, ce Colosse de Rome est un petit péplum fauché qui parvient toutefois à surnager par rapport à certains concurrents grâce au savoir-faire de Feroni. Il arrive à peu près à tenir le rythme, à mettre une action généreuse malgré son budget famélique, à surprendre parfois avec des rebondissements inattendus. S’appuyant sur des acteurs pas mauvais, le film ressemble en fait à une bonne pièce de théâtre, à quelque chose qui, sur scène, aurait été très honnête. Je mets 2.5, plus ce serait vraiment trop quand même !