[Critique : Sleepers de Barry Levinson]
Sorti le 18 Octobre 1996 aux États-Unis et le 30 Octobre 1996 en France, Sleepers a été chaleureusement accueilli par les spectateurs, aussi bien en France (bénéficiant d'une note globale de 4/5 sur Allocine) qu'en Amérique (85% sur Rotten Tomatoes et 7,6/10 sur imdb) .
En revanche, la Presse reste de marbre face à un film qu'elle juge fade. Le débat est dès lors ouvert entre le public et les médias. Et, même si je ne rejoins pas totalement les critiques du public, je suis en profond désaccord avec la Presse.
Résumé du film : L'histoire débute en 1967 à Manhattan, dans le quartier de Hell's Kitchen. Lorenzo "Shakes" Carcaterra (interprété par Jason Patric) vit une vie paisible en compagnie de ses amis : Michael Sullivan (Brad Pitt), Tommy Marcano (Billy Crudup) et John Reilly (Ron Eldard). Inséparables mais non dénués de défauts, ils firent une erreur de jeunesse, qui changea leurs destins à jamais...
Un meurtre accidentel qui ne resta cependant pas impuni, les quatre enfants étant envoyés dans une maison de correction. Hélas, le mal est partout : un des gardiens, Sean Nokes (Kevin Bacon), abandonné à la perversité, les malmena, les viola et les tortura.
Une année suffit à changer leurs vies, deux d'entre eux étant par la suite devenu des criminels. Un jour, alors que les quatre amis avaient grandi, Tommy Marcano et John Reilly revirent une ultime fois Sean Nokes avant de prendre leur revanche et de l'assassin et de sang froid.
Par la suite, ils furent face à leur responsabilité devant la justice. Dans un élan d'amitié, Michael, devenu procureur, prit en charge l'affaire Nokes, ayant pour but de perdre l'affaire, et d'innocenter ses amis d'enfance. Aidé par son ami Shakes, ils vont alors élaborer un plan et sauver leurs amis.
Mon avis sur le film : Porté par un scénario inspiré de fait réel et doté d'un casting en or (la majorité des acteurs ayant une filmographie de rêve), j'ai beaucoup aimé ce film.
- Sa plus grande qualité est sûrement son scénario. Poignant et parfaitement ficelé, il nous dénonce la dangerosité des maisons de correction. Certains le définiront comme prévisible, mais le film n'a pas besoin de retournement de situation pour créer de la tension chez le spectateur qui retiendra sa respiration jusqu'au climax du film.
- Et la mise en scène, jouant avec nos émotions, est en parfaite harmonie avec le scénario. La scène finale est particulièrement réussie, les quatre amis se retrouvant une dernière fois ensemble avec la fille qu'ils aiment, faisant alors un parallèle avec l'introduction du film.
- Le casting est parfait. Les acteurs, de par leurs jeux irréprochables, nous transportent directement dans l'histoire qu'on nous raconte.
- La couleur de l'image et la manière de filmer. Hélas, la réalisation du film a quelques défauts : la bagarre au réfectoire, par exemple, est particulièrement mal filmée, il est donc impossible pour nous de situer les personnages dans l' action. Et je regrette un manque de jeux de couleur par moment, comme par exemple le meurtre de Nokes, qui aurait eu sans doute beaucoup plus d'impact si l'image avait été plus terne. A titre de comparaison, l'affiche promotionnelle du film, doté d'un fond noir et des visages des acteurs principaux, nous fait directement comprendre que nous sommes dans un film noir.
- La musique, du moins oubliable, à le mérite de nous transportez dans le film et de nous enfermez dedans jusqu'à ce que le spectacle prenne fin.
Désaccord avec la Presse et mes réponses :
1) Le Monde dit : "se tenant le plus loin possible de son histoire". Le film a été réalisé tel que nous soyons proche des personnages et de leurs aventures. En prouve le narrateur du film, qui n'est autre que Lorenzo. Donc non, le film ne se tient pas le plus loin possible de son histoire, car le film est l'histoire.
2)Les échos : "le film [...] n'est pas particulièrement divertissant". Ce qui n'est pas un défaut, le film étant conçu non pour nous divertir, mais pour nous faire réfléchir sur le monde qui nous entoure.
3) Dans les trois dernières critiques presse, deux sujets ressortent : la mise en scène et le scénario.
"On peut se désoler (...) de la platitude infinie d'une mise en scène..." La mise en scène est doté d'excellentes idées, notamment les flash-back, tous plus angoissant que le précédant. De plus, vous confondez "plat" (ce qui veut dire sans saveur) et "classique" (sans originalité). Problème de vocabulaire, donc...
Concernant le scénario, voilà ce que pense Les Cahiers du Cinéma : "et de la bêtise d'un scénario qui multiplie les invraisemblances."
Le film étant basé sur des faits réels...
En conclusion : Sleepers de Barry Levinson a quelques défauts, mais aussi de grandes qualités. Les personnages sont attachants et leurs péripéties nous touchent. Le scénario est parfait et la mise en scène également. Sleepers est-il un chef-d'œuvre ? Telle est la question. Du moins, il est incontournable de voir ce film au moins une fois (que je déconseille au moins de 14 ans). Attention tout de même, certaines scènes pourraient choquer les plus sensibles...