L'affiche du film de cette reprise trompe le spectateur qui s'attendait à ce qu'une sensualité amoureuse y apparaisse comme élément central: peine perdue et arnaque première, on nage dans le désir inassouvi. Un timide adolescent de quinze ans, Mike, d'une belle fraîcheur juvénile, vient se mettre au service d'un centre de bains au style défraîchi, avec piscine et couloir de cabines bain-douche locatives ; il s'y trouve coaché par une belle jeune rouquine, Jane, qui révèle, derrière une froideur apparente, un caractère facétieux de femme-enfant à l'esprit indépendant. La nouvelle activité de la jeune recrue donne lieu à quelques scènes marrantes, non seulement parce que le garçon s'avère plutôt gauche et brouillon, mais aussi parce que sa timidité de puceau effarouché l'empêche de se dépêtrer de ces clientes matures (dont une grosse nympho givrée), qui usent de stratagèmes pour se sentir encore désirables. John Moulder-Brown joue ce qu'il est, un ado encore immature, et il n'a fait aucune carrière dans le cinéma ; Jane Asher (orientée séries télé) guère plus : après le fameux Départ et avant Travail au Noir, ce film de Jerzy Skolimowski apparaît comme un météore post-68, dans lequel la souffle de liberté, marqué par l'irruption de couleurs vives, échoue à balayer le poids d'un passé conservateur. Le réalisateur nous conte l'impossibilité d'un couple, l'un épris mais trop jeune (affligé de parents old school), introverti mais têtu, l'autre joueuse mais trop détachée, à cheval sur l'enfance et l'âge adulte, déjà calculatrice et matérialiste, flanquée d'un jeune fiancé riche mais moche comme un poux ! En revanche, nos farfelus présentent tous deux un tempérament effronté (ils s'amusent au passage avec la police) et pour le moins irréfléchi, qui ne les mènera pas bien loin... Skolimowki, en jouant avec les contraires, imprime au récit des marques d'inflexion qui symbolisent l'évolution de la nature de l'attraction désastreuse: on passe de la scène d'extérieur dans le secteur chaud, type Pigalle, du centre-ville, lugubre, légère et tournoyante, à celle dans la neige, étincelante, grave et mordante; et pour le centre de bains, du vert (santé, espoir, amour pacifique mais aussi amertume) aux marques rouges (alerte, danger mais aussi passion); d'un esprit bon-enfant aux remarques austères de la hiérarchie; de la retenue apparente de Susan (elle ne s'en prend pas au maître-nageur reluqueur de jeune filles) à ses débordements crescendo. Au fond, ces deux petits zigotos incapables de trouver se révèlent minables, si peu responsables et pour le moins ridicules. Susan préfère l'assurance d'un mariage de confort sans amour, épicé de facéties et de blagues, au choix de vivre une jeunesse vraiment libérée. Mike, lui, immature affectif, ne trouve ni dialogue ni point d'ancrage qui l'empêchent de glisser dans l'abîme de son obsession. Cette "fin profonde" symbolise l'amertume du mirage que fut la libération hétéro-sexuelle en Angleterre. Malgré quelques longueurs, un moment à la fois très plaisant mais aussi réfrigérant.