Loin de faire de Londres une carte postale Jerzy Skolimowski filme « Deep Land » avec une rare délicatesse en traitant pourtant d’un amour aussi loufoque qu’il est passionnel et impossible.
Logé dans une ambiance à la fois glaciale et veloutée, ce triste poème qui sort en 1970 est pourtant aujourd’hui une pièce maitresse de la filmographie de Skolimowski, loin d’une énigme, le film fait véritablement abstraction d’un jugement intellectuel, touche du doigt et fait couler à sa guise une atmosphère anglaise, pop, rétro et avant-gardiste qui se mari parfaitement à ce héros en contrainte avec lui même. Un adolescent en mal d’amour, attachant, surprenant, qui inspire simplement à la tranquillité tandis que sa collègue Susan campée par la délicieuse Jane Asher semble le narguer aux confins d’elle même, faisant passer sa beauté pour du plastique.
Sorte de comte intime, habilement mis en scène et ingénieusement pensé comme un drame innovant, « Deep Land » exploite son potentiel et sait traduire la beauté de chaque mouvement, de chaque séquence, le tout atteint une quintessence, celle de la maitrise absolue, explorant les tréfonds d’une psychologie complexe et insaisissable, mettant en scène les couleurs en parfaite harmonie et le tout sous les yeux d’un casting merveilleux.
« Deep End » est froid, désenchanté, déshumanisé, affichant une forte solitude que sont celles de ses personnages sans attache, quasiment mort vif, absurde, jouant sur les nuances et flirtant avec le récit initiatique. Une mer grise comblée par des ressorts violents, sans pitié, pervers et fétichiste, n’hésitant pas à se mettre dans des positions ridicules.
Jamais vain, fort, rythmé, happant la douceur de la violence et la fantaisie des larmes. Ils sont beaux, dans cette piscine affublée d’un liquide rouge. Planant.