Heureux de découvrir en salles le premier et beau film de ce grand cinéaste actuel !
Jia a tourné celui-ci en 1997, uniquement avec des acteurs non-professionnels, dans la zone semi-urbaine de Feng Yang, ville chinoise d'un petit million d'habitants.
On pense énormément à la Nouvelle vague, à sa spontanéité, à sa drôlerie inattendue dans les moments dramatiques et à sa caméra à l'épaule suivant un jeune couple, un petit loubard, une histoire d'amour fugace, en arpentant les rues de la ville.
A l'image des premiers films de Godard, de Varda..., celui-ci fait surtout preuve d'une acuité éblouissante sur l'univers qui entoure et qui agit sur les personnages.
Ainsi, on retrouve tout ce qui a poussé le metteur en scène à tourner Still life : l'inquiétude et la difficulté à comprendre un univers en mutation, aux identités multiples, obsédé par la modernisation (la ville, partiellement en ruines, qui se recompose pour se moderniser, la campagne, terre de pauvres autarciques, refusant apparement celle-ci mais fantasmant sur elle), et de quoi cette métamorphose va accoucher.
Comme dans Still life, Jia propose une alternative candide mais radicale à cette angoisse moderne : un retour à des échanges primaires et des sentiments simples (partager alcool, bonbons et cigarettes / tomber amoureux, supporter une désillusion sentimentale, joie de prendre un bain...)