Vu à sa sortie, ça remonte assez loin. Un thème qui ne vieillit malheureusement pas : le cancer du sein. Sujet douloureux traité avec sobriété. Les notes de piano participent à cette pondération alors que les sempiternelles vagues de violons auraient alourdi le récit. Mais Yannick Bellon sait y faire et c’est son savoir-faire qui permet à son film de ne pas vieillir rapidement. Bien sûr, il y a des séquences qui peuvent paraître par instant un tantinet désuètes. « L’Amour Nu » aborde au-delà de la maladie, la mort et l’amour. « L’Amour Nu », c’est un amour vrai, le véritable amour, un amour sans reteNUe, déNUé d’apparence. Il s’agit en substance de cela : l’apparence. La féminité. Que devient une femme amputée d’un sein ? Est-elle la moitié d’une femme ? Ne se considère-t-elle plus une femme à part entière ? On peut comprendre Claire et son angoisse face à cette décision. Cette décision qui souligne soudainement l’importance de ses seins. Elle se remémore les étreintes de Simon, de ses mains caressant ses seins. Elle se surprend à remarquer les seins des autres femmes. Yannick Bellon maîtrise son féminisme engagé, elle est lucide, elle reconnaît volontiers les seins comme un pouvoir de séduction. Les seins restent une des parties du corps que l’homme remarque. A bien considérer, si les femmes pouvaient deviner les testicules des hommes, comment réagirions-nous (je m’y inclus) ? Qu’on le veuille ou non, quand on regarde les seins d’une femme, même discrètement ou inconsciemment, ne porte-t-on pas un jugement ou à défaut une appréciation ? Il y a des femmes qui dénoncent le regard des hommes fixés sur leurs seins, qui en veulent aux hommes de les résumer à leurs seins, mais quand une femme apprend qu’elle peut perdre un sein, ne réduit-elle pas à son tour sa féminité à ses seins ? Sujet non seulement douloureux mais délicat qui prête par moments à la contradiction. Voilà ce que nous dit Yannick Bellon à travers le personnage de Claire interprété là aussi avec une certaine sobriété par une lumineuse Marlène Jobert. Ah le petit minois de Marlène Jobert ! Une actrice aux yeux pétillants. Elle fait partie de ces actrices où l’arc-en-ciel des émotions passent subtilement par ses yeux et ses lèvres (sourire et moue). Autre aspect du féminisme maîtrisé de Yannick Bellon, elle n'a pas cherché ou n'est pas tombée dans la facilité en donnant des mauvaises intentions aux hommes. A voir accessoirement pour sa petite approche écologique. Oui, Simon (Jean-Michel Folon) est océanographe. Avec l’importance du discours écologique aujourd’hui, entendre Simon alerter les pouvoirs publics dans ses conférences devaient prêter à sourire en cette année 1981. A (re)découvrir.