Grand classique dans la filmographie des studios Disney, "Peter Pan" n’a pas usurpé sa flatteuse réputation et peut se targuer d’être le premier grand dessin animé d’aventures. Adapté du roman de J.M. Barrie devenu culte grâce aux différentes adaptation théâtrales dont il a fait l’objet, "Peter Pan" avait tout pour séduire sur le papier (un héros espiègle, un décor onirique, des indiens, des pirates…) mais c’est bien le savoir-faire de ce brave Walt Disney qui a assuré sa postérité. Il faut dire qu’il n’a pas eu peur de s’approprier l’ouvre de Barrie (une constante dans ses adaptations) dont il respecte, certes, l’intrigue (le scénario est très fidèle au roman) mais qu’il agrémente de détails typiquement "disneyens" (les chansons dont les excellents "Tu t’envoles" et "A la file indienne", un humour omniprésent, une animation travaillée, des couleurs superbes…) et de personnages hauts en couleurs. Ainsi, bien qu’il ne les ait pas créés lui-même, il parait difficile, aujourd’hui, il parait difficile, aujourd’hui, de dissocier Peter Pan à ce garçon virevoltant et effronté (bien éloigné de l’interprétation bien plus androgyne qui prévalait jusque-là), le Capitaine Crochet de ce pirate aussi névrosé que poissard (bien plus drôle qu’effrayant) ou encore la fée Clochette de cette petite bombe mutique habillée très court (ce qui a posé quelques problèmes à l’époque). Idem pour les personnages moins connus mais, pour autant, très réussis comme Monsieur Mouche, Jean, Michel, Nana, Monsieur et Madame Darling ou encore les Garçons Perdus dont le souci de personnalisation n’est pas sans rappeler celui des 7 nains. Certes, Wendy apparait comme une ravissante nunuche mais elle personnifie assez bien l’image coincée de la bonne société victorienne et offre, ainsi, un contrepoids assez intéressant avec les personnages fantasques du Pays Imaginaire. Disney démontre, une nouvelle fois qu’il n’a pas son pareil pour imposer sa vision dans l’imaginaire collectif. Il sait, également vendre du rêve à son jeune public qui ne peut qu’être émerveillé par la poussière de fée qui permet de voler, par l'ombre de Peter Pan qui ne veut pas retourner à son propriétaire ou encore par ce Pays Imaginaire où les enfants vivent sans parents… Une fois encore, "Peter Pan" est un grand dessin animé d’aventure… comme "Les Goonies" sera, plus tard, en grand film d’aventure où les enfants sont appelés à découvrir une certaine forme d’autonomie et de liberté. Le soin apporté à la facette aventureuse du film n’est pas sans conséquence puisque Disney lui sacrifie un peu du fond du roman et de sa force métaphorique. La réflexion sur l’enfance et le refus de devenir un adulte (dont sera tiré le fameux "syndrome de Peter Pan") est, certes, évoqué mais l’analyse ne va pas bien loin et, surtout, le dessin animé ne reprend pas la fin du roman (où Peter Pan, constatant que Wendy a grandi, jettera son dévolu sur sa fille, puis sur la fille de cette dernière, etc…). Idem pour le rôle des Garçons Perdus, qui servent davantage d’hommes de main que de malheureux qui s’ignorent. Paradoxalement, ce traitement policé me parait presque salvateur tant un ton plus profond aurait risqué de plomber le film. Et puis, on se trouve devant un classique de Disney et pas devant un film destiné aux adultes se la jouant psychanalyste… Dans ces conditions,
le final est, certes, un happy end total mais s’autorise une jolie émotion à travers le père qui, calmé de sa fureur de début de récit, se remémore sa propre enfance à la vue de l’ombre du Jolly Roger dans les nuages.
En cela, le film ne néglige pas totalement la symbolique et achève de faire de son héros, l’esprit de la jeunesse qui, certes, n’empêche pas de grandir mais ne meurt jamais vraiment. "Peter Pan" est, donc, une véritable réussite et, à mon sens, un des meilleurs films sortis par Disney de son vivant (avec "Blanche-Neige et les 7 nains").