Dressé pour tuer est un film classé dans le genre horrifique par allocine, mais ce n’est pas vraiment le cas en fait. C’est plus un film dramatique, et il ne faut donc pas s’attendre à une sorte de Cujo, ce qu’avec Samuel Fuller on pouvait attendre en fait.
Si ma première incursion dans le cinéma du réalisateur m’avait vraiment déplu, ici Fuller livre un film bien plus propre, séduisant surtout par sa simplicité finalement.
Le scénario est assez consistant, avec un aspect divertissant qui n’est pas sacrifié sur l’autel du message social. Car évidemment, sans surprise, le film livre un message social, cherchant à dénoncer le racisme. Je pensais que cette dimension serait assez envahissante, et vu le sujet du film plus que lourdingue, mais finalement ça passe bien, c’est là sans être pénible et moralisateur. Le film est court, bien rythmé, doté d’une fin attendue mais assez logique, il y a quelques redondances et quelques passages qui en font un peu trop dans la surenchère, mais Dressé pour tuer évite le piège de la facilité et du manichéisme caricatural, et ça je dois dire que je ne l’attendais pas.
Le casting est bon, avec une Kristy McNichol excellente face à un Paul Winfield qui frappe fort. Indéniablement sans ses acteurs le film ne serait pas aussi bon ! McNichol livre une prestation sobre mais elle rend bien les troubles de son personnage, les émotions qui la traverse, tandis que Paul Winfield, s’il n’échappe pas toujours à l’aspect un peu caricatural de son personnage se débrouille réellement bien. A noter aussi la qualité des seconds rôles, spécialement un très bon Burt Ives, rôle assez subtil auquel il apporte du charisme et un jeu très alerte.
Sur la forme Fuller ne fait pas preuve d’un grand sens de l’esthétique. J’ai le sentiment qu’il est avant tout un bon technicien mais il n’a pas un grand sens plastique. La mise en scène est correcte mais pas exceptionnelle, les décors ne sont pas très bien exploités. Il y a quelques beaux passages, mais Dressé pour tuer dégage trop cette impression de film techniquement propre mais sans grande recherche de singularité, de style, sans une grande volonté de retenir l’attention par des effets travaillés. Ce dépouillement est sûrement voulu, mais c’est dommage de ne pas avoir cherché à accentuer davantage les émotions, les sentiments, si ce n’est lors d’un final qui est probablement le meilleur passage en terme de réalisation, avec pour le coup une vraie dramatisation. A noter une bande son bien faite, bien ancré sur les événements du film pour le coup, et quelques scènes assez violentes qui ont sans doute justifier le classement horreur de ce film.
Dressé pour tuer est à mon sens un bon film, qui mérite le visionnage, même si ce n’est pas forcément un film très séduisant. Il ne faut pas s’attendre à un Cujo bis, ici c’est un film dramatique qui aborde le sujet des chiens dangereux de façon réaliste, avec un arrière propos sur le racisme. Un film qui me réconcilie avec Fuller. 3.5