Dur? Vous pensez? Non je ne suis pas dur. Ce film a le mérite d'avoir reçu le prix du plus mauvais film que j'ai eu l'occasion de voir. Vous trouvez ça beau? Je trouve les plans d'une affligeante médiocrité, et ceux qui auraient eu le mérite de nous surpremdre positivement sont rapidement pliés. Vous le trouvez attendrissant? Je le trouve d'un mauvais goût total. Sujet épineux et prenant? Sujet surtout pas très original et mal exploité. Seule la fin a réveillé en moi autre chose que de l'exaspération. UNE scène "émouvante": celle où notre héro perver tient entre ses bras un bébé, le bébé de sa soeur. Franchement, même ma grand-mère peut faire mieux. Nénette et boni n'est pas un mauvais film, c'est un film très mauvais. Désolé de l'avoir descendu. Je le referai plus, promis.
Sorti en 1996, Nénette et Boni est un long-métrage important dans la filmographie de Claire Denis. Tout d’abord parce qu’à la suite de son téléfilm US Go Home, elle refit tourner Grégoire Colin et Alice Houri, tous les deux lumineux dans un nouveau duo frère/sœur, et que l’on reverra souvent chez elle. On y croise aussi d’autres acteurs fidèles à la cinéaste : Alex Descas, Vincent Gallo, Jacques Nolot ou Valéria Bruni-Tedeschi. Mais surtout, c’est la première collaboration de Claire Denis avec les Tindersticks, avec qui certaines séquences ont été pensées en commun, inaugurant ici une complicité qui virera au sublime dans les années suivantes. D’autres fidèles complètent la fiche technique, comme le scénariste Jean-Pol Fargeau ou la directrice de la photo Agnès Godard. Pour le reste, Nénette et Boni est une œuvre magnifique, qui prend la forme d’un drame familial aux enjeux troubles, aux légers accents incestueux, et à la sensualité omniprésente, dans un Marseille nocturne et hivernal. Filmant les couleurs avec brio, les corps avec une volupté inégalée, multipliant les ellipses et offrant un montage au cordeau, ce drame distille une atmosphère unique, dont seule Claire Denis semble avoir le secret. Elle saura la faire fructifier avec bonheur dans ses longs-métrages suivants.
Il ne se passe pas grand'chose pour ne pas dire rien mais les images d'Agnès Godard sont belles et la musique de Tindersticks magnifique. Cela suffit-il ? Ici oui.
L'ambiance dans laquelle baigne "Nénette et Bonni" rappelle celle de "Bye bye", autre film situé dans la banlieue marseillaise. La présence constante d'un climat ensoleillé et la prédominance de la couleur bleue donnent aux deux films une chaleur, une tendresse, qui contraste avec le tourment et la passion exacerbée des personnages. Dans le film de Clair Denis, les gros plans sur les visages et le dénuement de l'intrigue donne une tonalité plus dramatique, plus sèche, aux évènements. La réalisatrice a choisi de montrer les êtres dans leur réalité brute pour enlever à l'histoire tout aspect mélodramatique ou romancé. Elle travaille avec des acteurs expressifs, prêts à se livrer complètement, pour interpréter des sentiments avant de créer des personnages. Ainsi en atteste le choix des surnoms enfantins que sont Nénette et Bonni. Nénette est la femme-enfant et bientôt la fille-mère. Bonni, son frère, chez qui elle va chercher refuge pour échapper au père, est un caracteriel qui cache son bon coeur derrière une attitude revêche. Nénette et Bonni, ce sont aussi des surnoms qui dénottent l'immaturité, l'incapacité à s'adapter au monde des adultes. De la rencontre forcée de ces deux adolescents naît une sorte de renaissance, une démarche de compréhension salvatrice. Après de multiples coups de gueules, Bonni finit par accepter la présence de sa soeur et même, sans que cela soit explicite, à l'aprécier. La fin du film ressemble un peu à une fable, à un pied de nez au destin. Laissée en suspens sur le visage emerveillé de Bonni qui a "volé" le bébé de sa soeur à l'assistance publique, elle n'est ni optimiste ni pessimiste. Elle est bien le reflet du cinéma brut, dépourvu d'artifices, de Clair Denis.
Sur une musique envoutante des Tindersticks, les fantasmes d'un jeune pizzaiolo ultra-sensible derrière ses airs de dur et une gamine paumée. Les cadres d'Agnès Godard tojours âpres et qui suit l'évolution des corps. Sans compter la prestation de Valeria Bruni Tedeschi, hilarante en boulangère ultra féminine et unpeu cruche.