Un film vraiment très efficace, mais qui une fois terminée ne laisse pas grand chose. C'est sympa d'être autant perdu que ses personnages, de ne pas savoir qui est à l'origine de ses snuff movies, et la révélation finale de l'identité du tueur n'est pas très intéressante, ni très satisfaisante. Je m'attendais à un grand retournement de situation, un final très généreux, où le film explique comment le spectateur s'est fait avoir, alors que clairement rien n'était prévisible, ou alors une explication très logique et évidente, qui aurait été presque trop cohérente pour du cinéma, et donc très puissante ; mais Tesis ne prend aucune de ses routes. Son côté série B en prend un coup avec cette fin assez décevante et banale, en effet une des hypothèses étaient juste, c'est celle là, mais ça aurait pu en être une autre. Le film rompt son contrat avec le spectateur, il t'offre une intrigue très haletante, très prenante, vraiment très bien menée, avec quelques fulgurances de peur, pour une conclusion si molle, sans que ce soit un vrai parti pris, son but n'est clairement pas de déjouer les attentes, il répond juste bêtement à la question. Et donc ça retire tout le plaisir d'avoir été mariné pendant une heure quarante cinq, quand un nouveau suspect apparaît, soit c'est déjoué presque immédiatement, soit c'est directement oublié. Le film est stupidement roublard, il nous fait croire que le tueur est possiblement Chema durant une scène, et sur le coup ça semble plausible, mais ce n'est pas travaillé plus que ça, la limite est déjà atteinte. Une démarche plus enfantine aurait été davantage intéressante et plaisante, un film qui ne sait pas choisir, qui n'a pas envie de finir son intrigue, et qui décide de laisser planer le doute sur l'identité du meurtrier, car lui-même ne veut pas se faire une idée claire de l'histoire. Mais non, Amenábar est un adolescent triste, alors il pointe fébrilement du doigt un coupable quand on le lui demande, sans joie ni conviction. Reste que ce n'est pas un mauvais film, il est même très plaisant durant la majorité du temps, et il possède de vraies qualités indéniables, sa façon de montrer ou non les images violentes est plutôt intéressante, même si c'est dommage que la curiosité morbide de l'héroïne pour le snuff n'ait aucune évolution et soit oubliée à l'instant même où l'intrigue s'emballe. La photo est également très bonne, l'éclairage à l'allumette durant une scène (assez longue en plus) apporte un vrai sentiment de peur, assez absent durant le film, mais pour le coup assez incroyable. Tesis, une vraie déception.