L’Amour violé est un film peu connu mais pourtant une très belle surprise sur le thème du viol. Le titre ne fait donc pas mystère de son sujet.
Le film séduit d’abord par son approche. Simple, sans surenchère, le film évite aussi la caricature et donne beaucoup de relief à ses personnages. Se suivant avec plaisir, L’Amour violé s’appuie certes sur son sujet fort, mais il ne s’en sert pas comme d’un prétexte pour ne pas se forcer ensuite dans le traitement. Au contraire, c’est vraiment subtil, délicat, et ça révèle beaucoup de chose aussi sur la société, du temps d’abord, mais sans aucun doute aussi, d’aujourd’hui parfois. En plus le film ne se contente pas d’une approche réaliste. Il sait conserver de la poésie, voire un certain onirisme.
C’est lié bien sûr à des décors attrayants de montagne, qui, pas toujours mis en valeur par une photographie un peu grisâtre restent agréables. C’est lié aussi à une étrange bande son, avec une chanson qui saura surprendre, et à la mise en scène délicate, simple et toujours juste de la réalisatrice, qui échappe avec bonheur à l’écueil quasi-documentaire que je craignais.
Les acteurs sont bons, avec quelques débutants prestigieux (Pierre Arditi, Daniel Auteuil), et des premiers rôles moins connus mais très solides, et spécialement Nathalie Nell, qui surprend vraiment agréablement. Elle joue avec beaucoup de finesse, de sobriété, et elle apporte en fait pratiquement tout le crédit du film. Une contre-performance de sa part aurait vraiment ruiné toute la force du film, et c’était un excellent choix. Je ne peux que louer son interprétation, entourée d’un casting qui reste bon, mais ne présente pas autant d’intérêt qu’elle.
Clairement L’Amour violé est un très beau film que je recommande vivement. Sur le thème du viol, il évite les écueils de la caricature, de la facilité, et parvient à la fois à appréhender toute la force sociale du drame, en conservant un sens artistique et une vraie patte esthétique en évitant le risque documentaire et didactique. J’ai hésité avec le 4.5 à cause de quelques lacunes (photographie, fin un peu abrupte), mais je pousserai jusqu’à 5.