Un film revu en 2020, qui a gardé toute sa puissance. Tout d’abord un scénario très bien écrit , bien construit , pas du tout le film « trip » halluciné des 70’s, que l’on aurait pu craindre. Barbet Schroeder sait ce qu’il veut nous montrer et traite son sujet avec détails , constructions et intelligence. Il y a l’arrivée de cette bourgeoise, femme d’un diplomate français basé en Australie qui visite l’île de Nouvelle Guinée Papouasie. Elle rencontre un groupe de jeunes Hippies , à la recherche d’une vallée secrète, nouvel Eden . Elle va se laisser séduire par l’idée de cette quête d’absolu, et aussi par le beau jeune homme leader spirituel du groupe. Elle décide de faire un pas de côté, d’oublier pour un temps sa vie bourgeoise, et part avec eux dans ce « road trip » à la recherche du Graal . Commence alors une aventure exceptionnelle, jamais vue au cinéma, unique , où le groupe part à la rencontre des peuplades primitives papous . L’opportunité d’assister à deux « festivals » (réunions de différentes tribus) ,de peuples ancestraux authentiques,. Schroeder dans la tradition du célèbre Jean Rouch, filme avec pudeur , respect et empathie ces groupes primitifs dans leurs rituels. . On est dans l’ethnologie de haut vol, sans complaisance. Et les acteurs participent au réel ; Valérie Lagrange et Jean Pierre Kalfon ,se déguisent et raconteront ensuite qu’ils ont pris des " substances" pour se fondre dans l’ambiance. C’est énorme, c’est une vraie tentative de retour à l’état primitif , à l’authentique . IL y a des scènes que l’on en pourrait plus faire aujourd’hui, l’abattage sacré d’ animaux, les parades guerrières , sublime Valérie Lagrange , maquillée ,en transes, Bulle Ogier sous trip qui se love dans les racines d’un arbre gigantesque , tel un retour à la forme fœtal . Encore Bulle Ogier , sublime, dans sa danse macabre avec un serpent vert énorme qui s’enroule autour d’elle,c’ est d’une puissance inouïe , c’est Eve au jardin d’ Eden. . Mais le film est aussi très actuel, car on retrouve toutes les thèses des ultras-écologistes , voir des animalistes , sur la nature , "belle" à l’origine , corrompue par « l’homme mauvais ». Mais Schroeder est déjà lucide et visionnaire , son héros, dans un monologue magiquement écrit ( merci à Paul Guégauff) montre la limite de cette écologie passéiste , il se fâche avec Bulle Ogier car il n’y croit plus , pour lui ces êtres primitifs ne sont pas l’ Eden. Il les respecte mais voit aussi la limite de leur mode de vie, où la femme n’a ,par exemple, qu’une vie de 2ème classe. . Il en revient et réintroduit le progrès comme finalité de l’être humain. Finalement le groupe épuisé, déliquescent, atteint la Vallée , dans un denier plan magnifique . C’est très beau, la rédemption après l’ultime souffrance . Un film très profond , très solide , magnifiquement filmé (une incroyable scène aussi d’un arbre dont s’écoule une sève, crème d’amour pour stimulation sexuelle . Photo superbe de Nestor Almendros et musique des PInk Floyd. Bravo pour les 4 acteurs principaux : Ogier , Miquette, JP. Kalfon Valerie Lagrange ,et son fils Jérome (pré-ado) , embarqué dans ce trip surréaliste, aux limites du réel, du fantasme .Un film magistral.