Quinze ans après La Chèvre, Francis Veber retrouve l'Amazonie pour une nouvelle comédie ou plutôt un nouveau film d'aventures écrit et réalisé par ses soins. Retrouvant ses personnages fétiches François Perrin et Jean Campana (désormais interprété par Patrick Bruel et Jean Reno), le réalisateur délaisse quelque peu ses habituels gags pour quelque chose de plus sobre, de plus sérieux entre guillemets, une aventure exotique teintée de fantastique où Perrin, joueur de poker endetté jusqu'à la moelle, quitte la France en compagnie de Campana, interprète d'un vieil Indien, pour la flore tropicale afin de retrouver l'âme de ce dernier, mourant à Paris... Son expérience aux États-Unis (laborieuse) aura tout de même permis au réalisateur de mieux gérer l'action et de mettre à profit les moyens dont il dispose. Ainsi, Le Jaguar présente quelques séquences explosives très américaines, des bagarres un peu moins cocoricos que celles d'avec Gérard Depardieu et même les effets spéciaux, aussi rares soient-ils, sont de qualité. En somme, ce septième long-métrage n'a rien à envier aux productions Outre-Atlantique, autant par le rythme que par la qualité de l'image. De plus, force est d'admettre que le tandem Bruel/Reno s'avère efficace, le premier étant l'éternelle petite frappe menteur et trouillard tandis que le second reste le grand gaillard calme mais qui sait mettre des baffes quand il faut. Classique mais efficient. Pour le reste, on appréciera la beauté des décors naturels du Brésil, les répliques qui font mouche et cette intrigue cousue de fil blanc où notre duo rencontrera tueurs sanguinaires, moustiques, serpents et autres dangers de la jungle, le tout avec un léger humour bien dosé. Quant au reste du casting, le débonnaire Roland Blanche ainsi que les hispano-américains Danny Trejo (encore peu connu) et Patricia Velásquez (future Ankh Su Namun dans La Momie) s'ajoutent aux seconds rôles charismatiques, renforçant la qualité du film. Ainsi, sans être inoubliable, Le Jaguar reste un bon film d'aventures franchouillard réussi et agréable qui marque le retour au pays de Francis Veber après ses mésaventures américaines.