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Pascal
164 abonnés
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3,5
Publiée le 18 août 2023
Peter Fleischmann ne connut pas le même succès que les autres cinéastes représentant le renouveau du cinéma allemand ( Fassbinder, Wenders ou Schlondorff ) et sa renommée est incomparablement moins étendue que celle réservée à ces réalisateurs.
Pourtant, son premier long métrage de fiction possède encore une solide réputation dans les cercles de la cinéphilie. Il a même sans doute un peu inspiré " le ruban blanc" ( Palme d'or à Cannes) de Haneke.
Un jeune homme, ouvrier agricole est mis à l'index par sa communauté qui lui reproche son homosexualité, le harcèle psychologiquement.
"Scènes de chasse en Bavière " ( le titre ne me semble pas être le mieux choisi : la chasse à l'homme n'occupe pas plus de cinq minutes du film) reprend peu ou prou, mais pas seulement, des éléments de la théorie du bouc émissaire chère à René Girard.
Le premier opus de Fleischmann est aussi une mise en lumière des frustrations sexuelles vécues par la plupart des membres de cette communauté bavaroise ( elle symbolise la société) sur fond d'inculture et de pratique religieuse ( les travaux de W.Reich et du courant freudo-marxiste ne sont pas loin).
Tourné avec un mélange d'acteurs ruraux non professionnels ( excellents) et professionnels ( Hannah Schygula égérie de Fassbinder interprète un second rôle, tandis que Angela Winckler qu'on retrouvera chez Schlondorff, Von Trotta et Handke notamment, occupe le rôle principal féminin).
Il me semble qu'aujourd'hui " scènes de chasse..." souffre, malgré ses qualités, un peu de la comparaison avec " le ruban blanc" ( l'opus que je préfère de la filmographie de Haneke ) mais il mérite sans conteste d'être connu par l'amateur de cinéma introspectif et du patrimoine.
Pour parler de son premier film, Fleischmann utilisait l'expression de "fascisme quotidien". Bien que l'action se déroule dans les années 60, dans un petit village bavarois, le film exsude en effet l'intolérance, la bêtise et la cruauté. Ce n'est pas une oeuvre de dentellière, c'est le moins que l'on puisse tour et le réalisateur multiplie les scènes grivoises, faisant passer les paysans locaux pour des arriérés et des êtres frustes et bornés. Peut-être pas très subtil, mais efficace, jusqu'à la curée finale où un des leurs, soupçonné de déviance homosexuelle, est traqué comme du gibier. Au moins sur le fond, certainement pas sur la forme, Scènes de chasse en Bavière rappelle instantanément le dernier Haneke.
Portrait réaliste et sans concession des habitants d’un village bavarois bien pensant à la fin des années 60’, dominé par la bêtise et l’intolérance. Ce monde clos, refermé sur lui-même, rejette les différences, tout ce qui échappe à sa norme et désigne les boucs émissaire qui lui permettent d’assurer sa cohésion : celui qui vient de la ville, le travailleur immigré, l’infirme, le malade mental, la fille de joie, la veuve, le beatnik chevelu. Le film s’ouvre par la réunion villageoise, consensuelle à la messe du dimanche et se termine par la fête villageoise où la population boit, et danse au son de l’harmonie locale. Mais entre ces deux moments d’apparente quiétude où la communauté se retrouve, vont se développer d’autres scènes de communion sauvages beaucoup plus violentes : les moqueries et sarcasmes perpétuels, la chasse à l’homme, contrepoint à la scène centrale du film : la mise à mort et le dépeçage du cochon. Film fort, dur, superbement filmé et interprété : 40 ans avant le « Ruban Blanc » de Haneke, dans un Noir & Blanc aussi beau, un film sur l’origine du mal et du fascisme ordinaire.
Ce film qui aurait pu aussi s'intituler " seul contre tous ", ( aucun rapport avec le film de Noé ), démontre implacablement la méchanceté, la bêtise et l'inhumanité, terrifiant mais nécessaire ....
Chroniques de la haine ordinaire... Intolérance, ragots, pression psychologique, manipulation, sexe, mensonge, le tout avec le sentiment que "je suis mieux que tout le monde" parce que je fais les choses bien, parce que je vais à l'église, parce que je ne laisse pas mes appétits déborder... En résumé, un village bas du front mais se croyant bien pensant attaque et finit par pousser au crime un jeune homme qui revient de la ville, soit disant homosexuel. La réalisation est plutôt classique, sans effet, veine réaliste. La métaphore du porc est tirée tout le long du film : on leur donne à manger, on les tape un peu et finalement on met à mort et on découpe... A voir, pour sa violence psychologique et psychorigide.
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4,0
Publiée le 10 mai 2011
Le milieu et la fin des annèes 60 marque un nouvel essor du cinèma dramatique en Allemagne, grâce à quelques films importants et à quelques auteurs particulièrement intèressants comme Peter Fleischmann! Avec "Scènes de chasse en Bavière", le cinèaste dènonce - à seulement 31 ans - le racisme et les risques d'une rèsurgence du fascisme en Allemagne de l'Ouest, à travers l'histoire d'une rèpression violente exercèe contre un jeune homosexuel! Le procèdè est dèrengeant mais finit par exprimer l'essentiel! Dans un très grand souci de rèalisme, tous les comèdiens sans exceptions sont incroyables! De la Marie-couche-toi-là (Angela Winkler, tout simplement èpoustouflante) au petit handicapè en passant par le remarquable Martin Sperr dans le rôle difficile de Abram, le mètrage est parcouru par de fulgurances hallucinantes avec notamment la scène du dèpeçage du cochon ou le meurtre à coup de couteau qui fait froid dans le dos! N'hèsitant pas à aborder des thèmes foncièrement gênants, on comprend mieux pourquoi ce film culte et angoissant a inspirè Michael Haneke pour "Le Ruban blanc". Une oeuvre choc qui n'a rien perdu de son pouvoir de sidèration comme son final visuellement beau et implacable! On n'y voit même au passage l'actrice fètiche de Fassbinder Hanna Schygulla...
Un électrochoc qui marqua le renouveau du cinéma allemand à la fin des années 60. Peinture de la bassesse humaine, c’est à la fois une critique virulente de l’ordre social, une mise en abîme fascinante de l’Allemagne un quart de siècle après la chute du nazisme, un modèle d’épure et l’un des premiers grands films, après "Victim" et "La rumeur", dénonçant l’homophobie ordinaire. Magistral !
Un film qui est devenu un classique de l’histoire du cinéma et qui montre d’une façon hyper réaliste, presque entomologiste, la vie dans un petit village de Bavière après le nazisme. La satire est cruelle avec des paysans mesquins et étriqués dans leurs conventions morales. Un jeune homme revient chez lui après avoir purgé une peine de prison. On ne saura jamais exactement pourquoi il a été puni mais les commérages vont bon train, s’amplifient et atteignent un point de non-retour avec le drame final qui transforme le réprouvé en meurtrier. Une battue s’organise alors pour le retrouver et le livrer à la justice, laissant les villageois en paix avec eux-mêmes et leur conscience. Tous les travers d’une société imbécile, raciste et homophobe sont exposés sans complaisance et tout le monde en prend pour son grade, du maire au curé en passant par l’ignoble bouchère… Regrettons seulement un manque de nuances absolu, personne ne sortant indemne de cette charge aveugle, ni la mère de l’accusé qui se soucie plus de la bonne entente avec ses voisins que de protéger son fils, ni la prostituée du coin (qui pour une fois n’est pas « au grand cœur » !), ni même le « héros » (anti-héros en fait) qui n’apparaît à aucun moment sympathique et ne fait rien pour se défendre des accusations portées contre lui, se montrant tout aussi conformiste finalement que ses tortionnaires. C’est un film tout d’une pièce, bien dans la tradition de la culture allemande, à la thèse évidente et qui laisse un relent de dégoût devant tant de noirceur…
Une série de questions sur le retour d'Abram au village, puis de sous-entendus, puis de moqueries, puis de blagues lourdes comme la boue dans laquelle se vautrent les porcs. Mais au village on tua le cochon et l'on décida qu'Abram méritait peut-être le même sort. Un film puissant, terrible, fascinant, d'une intelligence rare sur un tel sujet.
Scènes de chasse en Bavière (1969) est une oeuvre très particulière, à la fois dérangeante et marquante. L'oeuvre de Peter Fleischmann (adaptée d'une pièce de théâtre) surprend avec un titre aussi accrocheur que le sien. Ce drame ce focalise sur trois éléments principaux, à savoir, le racisme sexuel, la sexualité et la violence prédominantes (avec le personnage de la prostituée) et enfin, le personnage central, Abram, jeune mécanicien homosexuel, qui se retrouve injurié, moqué et chassé de son village par l'ensemble des habitants. La prostituée du village est quant à elle insultée et abusée par n'importe qui (tant que ces derniers la paie). Ici, la violence a beau être verbale, elle est aussi physique, et elle l'est très bien exprimée à travers la mise à mort du cochon (égorgé, éventré, dépecé, les boyaux nettoyés un à un et gonflés comme de vulgaire ballons de baudruche, pendant que les enfants jouent avec la tête de l'animal et que les adultes festoient tout autour avec leurs pintes de bières). A la fois écoeurant et sidérant par tant d'images peu ragoûtantes (on croirait revivre Le Sang des bêtes - 1948, de Georges Franju). Une oeuvre résolument dérangeante et borderline sur la bêtise humaine, dans toute son horreur.
En pleine période de résurgence du cinéma dramatique en Allemagne à la fin des années 60, sous le souffle de cinéastes tel que Werner Herzog, l’adaptation de la pièce de théâtre Scène de chasse en Bavière par Peter Fleischmann est un film qui caractérise bien la peur des allemands de voir renaitre de ses cendres la haine qui a, une génération plus tôt, conduit leur pays aux mains du parti national-socialiste. En donnant à Martin Sperr, l’auteur de la pièce, le rôle principal, le réalisateur nous dépeint une peinture effrayante des dérives les plus extrêmes de l’intolérance. Son personnage subit en effet une montée de violence homophobe de la part de villageois vivant dans un espace clos à travers des rituels ancestraux (l'église en scène d'ouverture, le travail agricole ou bien la fête de la scène finale), identifiables à leurs comportements bestiaux envers cet homme qui leur est étranger (les ragots deviennent des insultes, puis les accusations deviennent une mise à mort). Allégorie évidente de la montée du nazisme, cette situation quasi-horrifique est brillamment mise en scène et jette un regard sur la nature humaine qui, aujourd’hui encore, fait froid dans le dos.
C'eut été un crime de ne pas nous (re)montrer ce film... crime tout aussi odieux que ces habitants d'un ptit village allemand commettent innocemment : innocemment car par manque de culture, par bêtise, à force d'être reclus les uns sur les autre dans un univers clos et étouffant. Ce film est d'une forçe effroyable; il montre à perfection les conséquences de l'effet de groupe, de la doxa abrutissante, de l'idéologie de tous contre un. Une oeuvre d'un violence incroyable...
Voici un film terrible sur le fascisme rampant. Des être faibles, marginaux, y sont persécutés par les gens dit '"normaux". Fleischman réussit un coup de maître, sans complaisance, le regard acide d'un jeune cinéaste sur une société viciée et intolérante. A voir absolument.
Aaaah la Bavière, sa fête de la bière, ses ploucs arriérés, ses préjugés homophobes et racistes. Peter Fleischmann fait un portrait assez déprimant de la population de cette région. Aucun personnage sympathique, pas de héros pour éclairé un peu ce village aux mœurs moyenâgeuses. Même les victimes sont détestables, le jeune hippies s’attire les faveurs des beaufs locaux en se moquant de l’homosexuel, l’homosexuel défoule sa colère sur la fille facile comme la plupart des gens du cru, même le débile la rejette. Cette vision de la Bavière peut paraitre un peu trop féroce, elle culmine lors de la scène de l’abattage du cochon, d’un réalisme atroce, l’auteur s’inspirant du « Sang des bêtes » de Franju. La mise en scène, belle et froide, joue sur les contrastes entre le monde moderne en plein bouleversement (on est en1968) et ce microcosme ou les mœurs ne semblent pas avoir évolué. Un film qui anticipe le cinéma d’Haneke sans le moralisme de ce dernier.