The Relic porte bien son nom. Il est une relique de la saga Alien, plus proche du troisième volet d’ailleurs – voir à ce titre la scène à la symbolique sexuelle forte, ici dépourvue de motivation, entre le docteur Green et la grosse bébête –, orchestre l’affrontement entre une créature aux dimensions mythologiques et un groupe d’hommes et de femmes dans un huis clos voulu anxiogène. Le souci, c’est que Peter Hyams n’est pas David Fincher (ni Ridley Scott), et qu’il confond vitesse et précipitation : tout va trop vite, les séquences filent comme sur une chaîne industrielle d’assemblage de pièces détachées ; et pourtant, l’ensemble paraît traîner la patte, ne pas avancer, reproduire ad nauseam le cahier des charges de ce genre de production. Surtout, le film souffre de problèmes techniques dommageables : son montage surcoupe les scènes et crée un brouillage de la lisibilité qui renchérit sur les effets de confusion recherchés ; sa lumière est calamiteuse, si bien que des errances souterraines nous ne voyons rien, ou si peu ; sa photographie peine également à iconiser le monstre, lui donnant des airs de Predator numérique ; l’écriture de ses personnages se cantonne au minimum syndical, refuse de leur conférer un semblant de profondeur psychologique. Néanmoins, malgré tous ses défauts, The Relic vaut pour le portrait sans concession d’une humanité tourmentée, terrifiée à l’idée de changer de millénaire. L’exposition organisée au musée est consacrée à la superstition, elle doit « amener le monde aux portes du siècle nouveau », selon les termes du maire. Et ce n’est pas un hasard si nous entrons dans cette exposition par la bouche géante d’une entité monstrueuse : le long métrage se propose de descendre sonder les agitations de l’âme humaine et ses sursauts de foi à l’aune d’une ère nouvelle. L’espace du musée permet la rencontre et la lutte à mort de l’anthropologie et du surnaturel, deux domaines a priori inconciliables que le film croise de manière intéressante, quoique superficielle. Les bruits que fait la créature maléfique réveillent le potentiel cauchemardesque du musée d’Histoire Naturelle, les vitrines paraissent s’animer, l’Histoire se concrétiser et prendre vie. Une attention particulière est portée au combat qui oppose le lion et le zèbre lors de la réception du vernissage, puis lors des attaques de Kothoga : l’homme commence par engloutir des petits fours, siffler des coupes de champagne, signes luxueux de sa mainmise sur l’univers ; l’irruption de la créature le replace alors dans une chaîne alimentaire dont il ne constitue pas la tête, sa tête étant écrasée sous le poids de l’entité démoniaque. Il est donc regrettable que The Relic fasse, à terme, triompher l’humain et réduise en cendres sa menace surnaturelle, aveu de faiblesse ou de lâcheté, raccord maladroit à la primauté de l’homme sur ses peurs. Reste l’idée chère à Peter Hyams, puisqu’elle traverse toute sa filmographie, de l’irruption d’un mal qui se propage dans un corps et en perturbe le bon fonctionnement : le vaisseau d’Outland, l’humanité de La Fin des Temps (autre film sur la terreur que suscite l’idée du passage à l’an 2000), le musée et ses dédales de galeries en sous-sol, ses laboratoires labyrinthiques, ses infrastructures mécaniques pour le présent film.