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Anaxagore
130 abonnés
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5,0
Publiée le 16 octobre 2008
C'est à reculons, et presque avec crainte, que je me risque à écrire quelques mots à propos de ce pur chef-d'oeuvre, unique dans toute l'histoire du cinéma mondial! Comme «Damnation», «Satantango» (1994) dépeint l'humanité sous les traits de pantins désarticulés, le nez plongé dans leur fange et les pieds embourbés dans leur vilenie, la Hongrie communiste (premier degré de lecture) faisant fonction de métaphore. Mais, à la différence du premier film qui, nouvelle figuration de l'enfer de Dante, aurait pu porter, en guise de préface, les mots célèbres du Toscan: «Vous qui entrez, laissez toute espérance!», «Satantango» suggère au contraire la Rédemption offerte à l'homme, même si celui-ci se montre peu enclin à l'accepter. Durant les sept heures que dure le film, de mystérieuses sonneries de cloches s'invitent comme pour annoncer et proposer le salut (cfr l'extraordinaire séquence de sonnerie finale), tandis que la plupart se montrent davantage intéressés par les sirènes funestes des faux prophètes (Irimias et Petrinia) ou alors se retranchent définitivement dans leur essentielle solitude (le docteur). Je certifie que ce film, réputé très long, ne génère pas une seule seconde d'ennui! La grammaire cinématographique de Tarr, incomparable, aboutit à habiter le temps, à le densifier, à le rythmer comme nulle autre ne fut jamais capable de le faire. Que dire de ces somptueux plans-séquences qui vous font vivre et ressentir de l'intérieur les tourments, les désespoirs mais aussi l'espérance des personnages? Qu'écrire de ces images, jouant avec une virtuosité confondante de toutes les ressources du noir et blanc, et qui sont d'une beauté à faire pleurer? Comment décrire le bonheur suscité par cette recomposition du temps qui donne aux événements toute leur gravité? Le plus grand film des années 90 et l'un des plus grands films de l'histoire.
l'Un des plus célèbres chefs d'oeuvre de Bela Tarr, une fresque épique d'une durée légendaire et surnaturelle de 7h25... 450 minutes qui passent sans la moindre longueur, sans le moindre instant d'ennui, du début a la fin on est absorbé par la splendeur de cette mise en scène, ainsi que par la noirceur et le poésie qu'elle dégage... Le développement de l'histoire et des personnages est historique et d'une justesse hallucinante, la manière dont on voit ces personnages perdus évoluer, a travers ces intensément longs plans-séquences d'une beauté émouvante, la façon dont les regards sont captés par la caméra, les dialogues, les mouvements... Absolument tout dégage une telle force ! "Satantango" est un film puissant, sans repères chronologiques, perdant le spectateur comme les personnages sont perdus dans leurs vies, se noyant dans l'alcool, marchant en se donnant l'illusion de savoir où ils vont... 12 longs et fascinants chapitres ne racontant pas d'histoire en particulier, mais montrant l'homme dans sa plus totale et aveugle perdition, une ambiance obscure alourdie par les incessantes pluies d'automne, la boue et le vent. "Satantango" est une expérience cinématographique éblouissante, un incontournable du septième art...
Comment résumer un film d'une telle ampleur en seulement quelques paragraphes ? C'est impossible, de la même façon que je suis obligé de parler de ce film comme d'une trilogie tant les trois parties qui le composent sont à la fois distinctes et complémentaires. En bref, j'ai trouvé les mouvements de caméra superbes, la photo de ce film, et son esthétisme en général forcent le respect. Il y a quelque chose dans les cadrages, le jeu des acteurs, la mise en scène de Bella Tar qui hypnotise, sûrement à travers les longs plans séquence qui composent l'oeuvre. Le problème, c'est que 7h30 c'est long, beaucoup trop long. Le sujet en lui même est dur, hermétique, difficile d'accès, et l'extrême lenteur du film peuvent parfois irriter voir même pousser le spectateur à l'abandon tant on ne prend pas de plaisir devant celui ci. Seulement, comme je l'ai déjà dit, Le Tango de Satan possède une force, un ensemble qui lui donne une identité, une accroche, et nous empêchent de lâcher prise malgré tout et de poursuivre jusqu'au bout des 7h30 pour mettre un terme à cette histoire glauque, froide et déprimante.
Même si j'ai connu des moments de cinéma plus joyeux et appréciables, je suis sorti de ce film heureux, car j'avais vraiment l'impression d'avoir fait un voyage, un voyage horrible, certes, mais le film m'a transporté, à travers plusieurs moments de fulgurance, dans un autre monde, presque apocalyptique, et m'a procuré une autre vision du temps et de l'espace. C'est le genre de film qui change ta vision du cinéma, c'est pourquoi il est très important d'en faire l'expérience.
Un film loin d'être parfait, très dur et éprouvant, mais une véritable oeuvre d'art, à réserver à un public averti.
Du Grand Art. 7h30 mais pas un plan, pas une seconde superflue. Tout simplement magistral. Comment décrire une telle expérience? Comment trouver des mots assez forts pour rendre compte du génie à l'oeuvre? Imaginez l'enfer sur terre (en l'occurence le communisme croulant) et vous serez encore bien loin de ce qui est porté à l'écran. L'eau et la terre deviennent pluie et boue, hommes et femmes se changent en animaux, et tout est sale, gris, terne, pourri, ravagé... Peut-on encore parler d'humanité tant les personnages cumulent les vices les plus vils? Oisifs et cupides, paresseux et méfiants ils s'entredéchirent dans cette ferme collective hongroise laissée à l'abandon. Jusqu'à ce que deux hommes revenus d'entre les morts les sortent de leur torpeur. Inutile de préciser qu'avec 7h30 de longueur, une mise en scène sublime et lente, une bande-son plus vraie que nature et un rythme exagérément étiré l'immersion est totale. On a l'impression d'être littéralement "dans" le film, d'avoir traversé l'écran pour se retrouver au milieu de ce monde dévasté et de ces personnages misérables. La puissance du film n'a d'égale que son impressionnante noirceur : peu d'espoir de rédemption pour ces êtres dégénérés, effectivement plus que dans «Damnation» (où il n'y en avait tout simplement pas). Un des plus grand films jamais tournés, d'une maîtrise à couper le souffle. Chef-d'oeuvre inestimable, et je pèse mes mots. [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Grand et long film, si j'ai sans aucune doute préféré le film suivant de Tarr (les harmonies de Werckmeister), les 7 heures du tango de satan passent comme un rien… Je dois avouer que je nai rien compris, que j'aurai pu désactiver les sous titres ça aurait été pareil… je regardais plus l'écran tel un spectateur passif. Certains plans sont magnifiques, dont le premier plan, magistral… Il y a quelques autres plans séquences qui sont justes magiques, dont un lent travelling suivant une route qui aurait pu durer tout le film tant il est beau. Je m'en veux de n'avoir pas suivit l'histoire pour me concentrer que sur la forme du film, du coup je ne sais pas trop quoi dire. Mais j'avais fait pareil avec les harmonies de Werckmeister, je m'étais laissé porté par le rythme de l'image. Même si je ne dois pas cacher une certaine décption, je m'attendais à voir mon prochain film préféré, mais ça n'est absolument pas le cas. Si le film est très beau par moment, j'ai trouvé quelques petits défauts, quelques plans qui auraient pu durer plus longtemps, d'autres un peu moins (nottament un zoom très lent au début qui au final n'aboutit pas complètement)… ça reste un très grand film, même si je reste sur ma faim… Sans doute car je n'ai pas "compris le film", il ne fait aucun doute que je vais essayer de lire le livre.
C'est à se demander si les gens qui ont critiqué le film l'ont réellement vu. "Pas une minute d'ennui" ---> non, pas "une", mais 7h40 d'ennui profond. Des plans d'une longueurs aberrantes, pire que le plus lent des Tarkovski. Filmer le vide, Antonioni l'a très bien fait, mais lui au moins à la décence de ne pas excéder les 2h20. Ici, nous sommes confrontés à un film d'une complaisance inouïe ; à chaque plan le cinéaste se regarde filmer et laisse tourner sa caméra dans le vide ; on pourrait couper deux minutes en début et fin de chaque plan et diviser ainsi la durée du film par deux.. Là on pourrait tirer un film intéressant et un propos cohérent. Mais non, c'est puant de complaisance, et rien d'étonnant dans le fait que les spectateurs-lecteurs de Télérama soient en pâmoison devant une oeuvre aussi prétentieuse et agaçante. À noter tout de même le travail fabuleux du chef opérateur ; c'est indéniable, la photographie est juste sublime et ce noir & blanc très dense constitue (pour moi) le seul intérêt de ce film-souffrance.
"Le Tango de Satan", qu'il est encore plus professionnel d'appeler par son titre original "Sátántangó" même si ça veut dire la même chose, est le film à voir absolument pour le cinéphile s'il veut se considérer comme véritablement dépucelé (cinématographiquement parlant bien sûr !!!). Ben oui, un film hongrois de sept heures et demie en noir et blanc, avec des plans-séquences de 20 minutes (j'exagère évidemment... enfin à peine !!!) où son cinéaste Béla Tarr montre une action dans sa véritable durée réelle, avec comme sujet l'histoire des âmes errantes d'une ancienne ferme collective, symbolisant allégoriquement la chute du communiste, (vous allez pas me dire qu'il n'y a pas plus bandant comme sujet quand même !!!), comme challenge de film à regarder, il ne peut avoir plus fort hors cinéma purement expérimental. Et pour que le challenge soit complet, il faut que les sept heures et demie soient vues d'affilée ou au minimum soient vues dans la même journée (c'est personnellement ce que j'ai fait parce que j'ai interrompu le film pour voir sur IMDB s'ils ont vraiment torturé et tué ce pauvre chat ; heureusement que non mais la séquence est fichtrement réaliste !!!). Bon, je me moque... mais il faut reconnaître que cette oeuvre est remarquable pour son jusqu'au-boutisme. Tarr ne fait jamais les choses à moitié ce qui en fait une oeuvre véritablement unique et spéciale. Et puis le noir et blanc est superbe, les mouvements de caméras pendant les plans-séquences sont d'une fluidité et d'une maîtrise impressionnantes, la direction d'acteurs est parfaite... J'ai décroché parfois mais il y a des scènes qui parviennent à être hypnotiques comme l'éprouvante séquence du chat ou encore quand un escroc profite du suicide d'une jeune fille (la tortionnaire !!!) pour manipuler les habitants de la ferme. J'ai pas aimé ce film, je ne l'ai pas détesté non plus, disons que je l'ai admiré sur plusieurs points...
"Le Tango de Satan" est une fresque poétique et noire, si noire ... On pourrait se sentir étouffé par ce tableau d'une humanité dépossédée de son libre arbitre, à la merci d'un déterminisme mystérieux, comme des feuilles mortes emportées par les rafales de vent. On finit par accepter cette proposition faustienne pour une danse de plus de 7 heures de long.
Béla Tarr propose dans cet opus le plus long d sa filmographie (7h30), en trois parties, son regard métaphorique sur l'existence.
Certains y ont vu une critique du monde communiste ( ici en Hongrie) mais la suite de sa filmographie, qu'il poursuivra plus de deux décennies après ce "satantango" et la chute du camp socialiste, laisse penser que c'est aussi de la vie en général dont il nous parle. Finalement pour Béla Tarr, partout la vie est la même et ce n'est pas formidable.
La première partie est ( à mes yeux) la plus réussie des trois, au plan cinématographique. Ici il s'agit de nous présenter certains personnages de son histoire qui vivent dans une ferme collective.
Le peuple que nous représente le cinéaste n'est pas d'une moralité très grande ( vol, tromperie sexuelle, alcoolisme, absence d'amour et d'empathie).
Il y a une ambiance inquiétante, envoûtante portée par la musique, les plans séquences, la boue, la pluie qui tombe sans discontinuer sur le paysage désolé, morose, déprimant, la vie est répétitive sans souci d'élévation spirituelle ou intellectuelle.
On apprend que deux anciens membres de l'exploitation agricole qu'on croyait morts, sont vivants et reviennent à pieds de la ville. Certains doutent de la véracité de la nouvelle.
C'est surpuissant. Sans doute l'un des seuls films à avoir été aussi loin dans une représentation aussi sombre et aussi froide de l'humanité … c'est bien simple, on n'a peut être bien jamais vu ça ailleurs. Cette humanité, c'est une poignée d'individus perdue et décadente ; des querelleurs, des ivrognes, des cupides, des débauchés ... qui attendent oisivement quelque chose. La possibilité de se repentir, le Jugement Dernier … un guide. Un guide qui parviendrait à guider ce troupeau errant sempiternellement dans la boue (le premier plan séquence, qui annonce tout de suite la couleur, est à cet égard-là terrifiant). Sauf que ce guide sera lui aussi un être humain. A la fois un portrait d'une Hongrie dévastée sous l'effondrement du communisme et fable biblique intemporelle sur la nature humaine (et sans doute bien plus que ça, mais il est impensable qu'une seule vision du film suffise à en percevoir toute la richesse), Satantango est un chef-d'œuvre absolu. Non seulement le récit est d'une profondeur abyssale, mais la réalisation est d'une grandeur sans égale ; direction d'acteurs millimétrée, décors filmés d'une telle manière qu'ils confinent à l'abstraction, plans-séquences tous plus ambitieux et significatifs les uns que les autres … immersive et contemplative, elle se rapporte finalement peut être bien à un but bien simple ; nous permettre de scruter, sans doute comme il le faut pour apprécier l'œuvre à sa juste valeur, les espoirs, les désillusions et les vices de ces personnages qui, au fond, nous ressemblent … après, libre à chacun de se sentir concerné ou de fermer les yeux.
Quel voyage ! Satantango fait partie des films dont on ne ressort pas complètement indemne. D'une durée éprouvante - mais nécessaire - de plus de sept heures, il est à la fois déprimant et magnifique. Bela Tarr filme, comme à son habitude, le rythme de la vie qui passe, aussi terrible soit-il. Un médecin alcoolique, une petite fille cruelle, un chat martyrisé, deux hommes ressuscités d'entre les morts, un troupeau de vache abandonné...Le terrain est lourd, très lourd, et pourtant fascinant ( il est incroyable de voir à quel point le film passe vite ). Certaines séquences provoquent une sensation dépressive qui confine à l'horreur, impression due à une bande-son dont la monotonie n'a d'égale que la pureté ( je pense aux scènes dans lesquelles le médecin reste enfermé chez lui, le nez dans sa gnôle, bercé par le bruit d'une pluie incessante, envahissante, marmonnant quelques ronflements ). Bela Tarr ose et propose le principe du temps recomposé : ainsi, certaines séquences sont vues sous différents points de vue ( celle de la soirée dans le bar en est un bel exemple, séquence accompagnée de surcroît par la somptueuse musique de Mihaly Vig ). Satantango reste à ce jour l'un des films les plus imposants de l'Histoire du Cinéma, un film bouleversant de par son réalisme rythmique, effrayant dans sa description de l'âme humaine. Un chef d'oeuvre.
"Irimias ! Et je marchais, je marchais, je marchais ..." (x25)
À priori, la longueur du film a de quoi effrayer. Plus de 420 minutes de cinéma à peine entrecoupées par des entractes à chaque changement de DVD.
Pourtant, malgré la lenteur du rythme, et la durée ahurissante, impossible de sombrer dans l'ennui.
En effet, Satantango se révèle rapidement l'une des ?uvres les plus importantes de l'histoire du cinéma, car Béla Tarr élabore une analyse humaine, implacable, vraie et juste
Expérience éminemment contemplative, fresque humaine colossale, Satantango ne saurait être réduit à une métaphore de la chute du communisme.
Non pas parce que le film ne remplit pas un devoir de mémoire essentiel mais bien parce qu'il peut être vécu de manière plus globale.
La contemplation (ces longs plans-séquences desquels Tarr tire une poésie presque bergmanienne) ne s'inscrit pas dans une quelconque vacuité mais bien dans la logique symbolique de la démonstration, d'un propos qui, au lieu de verser dans la boursouflure sentimentale, étaye sa portée par le recours à l'imaginaire.
La lenteur permet de figer les images, de manière à montrer le caractère routinier et désespéré de la vie paysanne.
Film résolument fin de siècle, Satantango fait l'apologie d'un monde qui a perdu son innocence, non pas car sa composition en a été altérée mais parce que le traumatisme qui a découlé d'un bilan historique lourd (ici, cinquante années de communisme) a empli les coeurs de haine et de répulsion.
Témoin de l'égarement des âmes : la médisance, devenue omniprésente au sein de ce village hongrois. Un paroxysme est atteint dans l'écoeurement avec la mort graduelle de l'enfant Eskite. Graduelle car la séquence du chat, magnifique dans son horreur, symbolise déjà la disparition de la candeur (le parallèle avec les génocides arménien et juif est assez patent). L'ennui et le désespoir règnent. Les villageois sont réduits à un plaisir illusoire, sanctifiée par l'alcool : cette scène de danse, une des plus belles du cinéma, au cours de laquelle la tendance est à l'optimisme est brillamment contrebalancée par le son de l'horloge qui rappelle que "le temps détruit tout".
Au fond de l'abîme se manifeste encore une lueur d'espoir, encouragée dans des optiques ambiguës par l'intrigant Irimias, sorte de prophète méphistophélique, sur lequel Tarr entretient le mystère jusqu'au dénouement.
Que reste-t-il ? Rien, au fond. Béla Tarr est un cinéaste flaubertien qui voit l'Histoire sur le mode de la décadence et de la régression.
Béla Tarr maîtrise complètement le temps cinématographique ainsi que les plans séquences prodigieux dans cette œuvre cinématographique, mythique, onirique où l' amour humaniste suinte comme la pluie sur la grande plaine hongroise............
Il nous faut nous laver mentalement de tous les films " speed" et montés, tel les publicités, par des " cut" de deux ou trois secondes tout au plus , et vous aurez le plaisir de regarder et voir la vie cinématographique selon Béla Tarr................
Les longs travellings, surréalistes ou hyperréalistes, questionnent notre imaginaire et notre psyché malmenée par trop d' images prêtes" à consommer" comme une soupe au lard. Les images tarriennes, irréductibles, sublimes, authentiquement humanistes, irradient pour longtemps notre vécu face à ce film " fleuve" profond et inquiet quant à la vraie question humaine cosmique et inique, trouble et lumineuse, inquiétante et étonnante............
Si les 7h30 de Satantango auraient de quoi déstabiliser, le film est tellement riche et puissant dans le moindre de ses scène que le spectacle finit par prendre et par scotcher complètement, même au delà de la simple hypnose, il gagne en force et en émotion à mesure que la fin approche, et finit par un coup de grâce d'un grande simplicité mais d'une évocation splendide sur la vie. L’œuvre se pare d'une esthétique grisâtre, Tarr, fidèle à son noir et blanc embourbe un petit village sous des pluies d’automne et de brouillards mystérieux, introduit l'arrivée de quelques personnages dans une petite communauté qui va alors tenté de gagner sa vie en travaillant. Film certes politique, puisque c'est bien du communautarisme dont on annonce la fin, mais aussi, sur le tard, une grande œuvre sur le travail d'écrivain, de créateur, avec ce personnage de docteur qui se reclus chez lui et s'isole pour se fermer de la lumière, de la vérité, s'enfermer dans ses pensées et retrouver la voix du narrateur. Le film est parcouru comme un grand roman d'intrigues plus ou moins reliées, de dialogues très variés et de situations qui dépassent le simple cadre du film, tant le travail sur le plan par plan du réalisateur emmène chaque idée à son bout, et fait imploser l'écran à certains moments particulièrement forts (scène de danse, scène avec le chat, fuite des chevaux... Tout prends une importance et une beauté lyrique capitale, tant le film offre beaucoup de chose avec peu de moyen. Il se créer une belle attente de chaque nouvelle action, et même des surprises assez plaisantes, qui éloignent le film d'un cadre purement classique que Bela Tarr aurait pu faire : il faut voir comment il film chaque personnage avec plaisir, avec humanité et grande simplicité, comment il les filme en interactions, dans le mouvements de leur danse, de leurs disputes et surtout, ce qu'il fait du décor, cette campagne en ruine de la vie où teintent les cloches d'un invisible glas ("serais-ce la fin des temps ?"). Le film, même si son propos est tout sauf joyeux, a une réelle énergie par moments qui en font une parabole sur la vie de villageois et de travailleurs sublime, qui dépasse de loin toutes les autres représentations plus ou moins réalistes de ces conditions de vie. Ici, la caméra est là, le regard sur l'enfance, la présence de la nature, des animaux en liberté, la puissance de certains symboles religieux oi naturels et un humour assez noir et acerbe (scène de description des villageois par les eux hommes de bureau) font de l'ensemble une des plus grandes œuvres de son époque, hanté par les sons d'une fin de quelque chose, d'une alerte permanente.