Studio anglais légendaire, la Hammer a permis à toute une génération de redécouvrir les monstres classiques, magnifiés dans le passé par Universal (Dracula, Frankenstein, le loup-garou, la momie, le Fantôme de l’Opéra…). Le studio a, également, su faire montre d’originalité par moment, en s’éloignant de son illustre aîné pour proposer d’autres sortes de monstres. C’est ainsi qu’est sorti ce "Raspoutine le moine fou" en 1966. Le projet était alléchant et la présence de Christopher Lee dans le rôle titre semblait prometteuse. Malheureusement, force est de constater qu’il ne s’agit pas d’un des meilleurs films du studio et, surtout, qu’il n’est pas au niveau des petits bijoux que sont "Frankenstein s’est échappé", "La malédiction des Pharaons" ou encore "Dracula Prince des ténèbres". Pourtant, l’équipe réunie est quasiment identique à celle responsable de ce dernier film… à une exception près, cependant, puisque ce n’est pas Terence Fisher qui officie sur le siège du metteur en scène mais Don Sharp. Et, une fois encore, l’absence du maître se fait lourdement sentir et démontre toute l’étendue de son talent sous-estimé. Il manque clairement, à ce "Raspoutine" le rythme et l’élégance des films de Fisher qui parvenait à faire oublier la vacuité de certains scénarios. Difficile ici de ne pas se rendre compte que le film n’a pas grand-chose à raconter, si ce n’est l’arrivisme de ce moine dérangé qui est balancé à grand coups d’ellipses scénaristiques
(on croirait que l’ascension de Raspoutine ne dure que quelques jours… ce qui est loin de la réalité et fait perdre beaucoup de tension à l’intrigue)
et de refus de toute approfondissement du personnage. Il n’y a rien à sauver dans le personnage de Raspoutine, qui n’a aucune excuse à son comportement ni même un début de semblant de qualités qui permettrait d’enrichir son personnage. Et, chose rare, ce n’est pas l’interprétation outrancière de Christopher Lee qui vient arranger les choses, l’acteur ayant visiblement décidé de ne compter que sur ses yeux pour s’exprimer. Le reste du casting n’est pas davantage gâté par l’écriture très pauvre des personnages mais parviennent, pour certains d’entre eux, à sauver les meubles, tels que l’excellent Francis Matthews, la possédée Barbara Shelley ou encore le pathétique Richard Pasco en docteur radié se découvrant une conscience. Je passerai sous silence l’interprétation, une fois de plus, très "pot de fleur" de Suzan Farmer, en beauté convoitée mais insaisissable. Le film se laisse, pour autant, regarder sans déplaisir mais sans grand enthousiasme non plus. C’est d’autant plus dommage que l’histoire de Raspoutine et, plus encore, de sa mort, est passionnante et méritait un traitement un peu plus soigné.