Complètement suprenant et imprévisible du début à la fin, "Nos Funérailles" est sans aucun doute un chef-d'oeuvre. Je ne m'attendais pas du tout à quelque chose de ce genre. Plutôt un bon film de mafia avec règlements de comptes agréable à regarder. Mais non : Ferrara et sa troupe vont toujours là où on ne les attend pas, contournant tous les clichés possibles avec grand brio. Cette histoire dans le monde de la pègre n'est qu'un prétexte pour élever le débat sur bien d'autres thèmes symboliques et importants : l'amour, la haine, le désir de vengeance, la justice, le libre arbitre, Dieu et ce qu'il représente, le châtiment, la rédemption, la fraternité, la solidarité, la trahison, l'organisation de la société, la loyauté, la fidélité, l'honneur, l'âme de chacun, la violence, l'amour du cinéma également... Tout est compilé en à peine une heure trente mais cela ne tombe à aucun moment dans le superficiel. La profondeur est toujours atteinte très rapidement, sans ayant recours à d'inutiles scènes d'expositions. Sur une réplique, sur un regard, sur une situation, tous sont capables de nous convaincre rapidement et sèchement des sentiments éprouvés par ces êtres humains. Aucun temps mort, aucun relachement n'est permis. Pour eux comme pour nous. C'est intense du début à la fin, la tension est palpable et au final, on se foutrait presque de cette histoire de gangsters. Jusqu'au dernier tiers... mais encore une fois, l'intrigue n'est qu'illusion pour évoquer bien d'autres sujets. C'est alors que l'on se rend compte que l'oeuvre est particulièrement manipulatrice. L'apcalypse est à la fois inévitable et imprévisible. Qui aurait pu penser à pareille conclusion ? Il aurait été facile de céder au style scorsesien avec une histoire pareille et des thèmes qui sont aussi récurrents chez le grand Martin. Mais Ferrara se fout de Scorsese. Il se fout de tout et livre une oeuvre funèbre splendide, déroutante, presque décalée tant sa violence et ses personnages sont incompréhensibles.