Pierre est amoureux fou de Claire, la femme de Bernard, constructeur d’ouvrages d’art. Apprenant qu’elle doit accompagner son mari au Maroc sur un chantier, il parvient à se faire inviter. Au moment d’embarquer dans l’avion privé, il découvre que Claire n’est pas là ; Bernard l’informe qu’elle les rejoindra plus tard.
Adapter une œuvre de Boileau-Narcejac est délicat, le fait que les auteurs prennent le point de vue de la victime étant difficile à rendre au cinéma. De nombreux réalisateurs s’y sont pourtant essayé tant les intrigues sont séduisantes (Clouzot, Molinaro, etc.) ; Y réussir nécessite de savoir créer un climat oppressant, qui va crescendo jusqu’à la résolution de l’énigme.
Et c’est justement ce que Grandperret peine à faire, bien qu’il s’y efforce, mais sans doute parce qu’il s’y efforce trop. Les plongées dans le passé permanentes du héros et sa fébrilité exagérée sont rarement angoissants, et peu convaincants. Le second reproche à faire au film est celui de la distribution. Vincent Lindon n’a pas le profil et est mal dirigé, les deux femmes ne sont pas assez mystérieuses, seul Dutronc, dont on devine le tourment intérieur, convient à l’intrigue.
La dernière difficulté, propre aux films traitant de manipulation, vient du fait qu’il faut expliquer cette manipulation, ce qui est souvent long et pataud (exemple : vertigo de Hitchcock). Ici Grandperret donne une explication très rapide, trop rapide, car il faut ensuite beaucoup de réflexion pour réaliser la cohérence de tout ce qui a précédé.
Un film qui, malgré quelques références à Hitchcock, ne réussit pas à tirer la quintessence de son excellent scénario.