Quand Eddie Murphy se met à faire du Jerry Lewis, cela donne " Le Professeur Foldingue ". Et quand on sait que c’est le très potache Tom Shadyac qui s’est collé à l’adaptation de " Docteur Jerry et Mister Love ", ce petit bijou humoristique des années 1960, et si l’on connaît la « subtilité intellectuelle » de l’individu, l’on se doute bien que cela ne va pas faire dans la dentelle, mais plutôt dans le gros qui tche. Et en effet, dans les mains de cet adepte de l’humour gras, le script originel se transforme soudainement en une sorte de brouet pipi-caca-prout qui, même s’il véhicule les mêmes messages de tolérance, se veut nettement plus direct et se situe définitivement en dessous de la ceinture.^Tout d’abord, sachez que dans ce film, Eddie Murphy joue sept rôles, alors si vous ne supportez pas l’acteur, vous allez sacrément en baver. Je conseille même aux allergiques d’aller voir ailleurs pour éviter des crises de vomissements intempestifs, avec risque d’apoplexie. Un conseil d’autant plus justifié par le fait que le comédien en a rarement autant fait dans le registre « comico-hystérique » qu’à l’occasion de ce film, hypocrite faux pamphlet contre la ségrégation et l’à priori physique - construit par un homme que l’on soupçonne comme aucunement concerné par le sujet. Tant et si bien que, même s’il se moque assez directement de son image de play-boy au sourire Pepsodent, il finit par devenir très pénible dans ses exubérances de Buddy Love, un personnage soit disant irrésistible mais assurément agaçant et pas marrant du tout. En fait, je le préfère sous l’identité de ce professeur gaffeur et sensible, à des années lumière de la personnalité du comédien et de ses rôles habituels - sans compter que les maquillages de Rick Baker sont fabuleux et totalement innovants pour l’époque. Par contre, lors des séquences où il incarne le reste de la famille Foldingue, il est tout bonnement insupportable de connerie et de vulgarité pas drôle, confondant le terme de potache avec celui de dégueulasse, et résumant la comédie à de la scatophilie de maternelle. Finalement, si l’on était vache, l’on pourrait résumer ce " Professeur Foldingu "e à du prout et du cul, un mélange étrange au cours duquel on assiste à des interminables séquences de pétomanes aptes à ne satisfaire que les enfants de moins de dix ans enchaînant abruptement sur d’autres durant lesquelles un type s’extasie sur sa queue ou de généreuses croupes offertes, bien cambrées et filmées en gros plan. Difficile par conséquent de définir le public type, à part le Bidochon lobotimisé à grands coups de pacs de Kro. Mais heureusement, il n’y a pas que cela. Le film comporte également son petit lot de gags sympas. Rien de transcendant, mais des choses plutôt marrantes comme cette invasion d’hamsters sur un campus, le rigolo animal de laboratoire obèse du professeur ou le clin d’œil à Rocky. Cela ne vole jamais haut, mais cela vaut bien mieux que la minable leçon de vie (la philosophie primaire du retour de balançoire) que nous offrent le duo Shadyac-Murphy lors d’un règlement de compte verbal avec un humoriste encore moins drôle que Bigard au stade de France. Au niveau des effets spéciaux, le film alterne les maquillages et les prothèses latex des studios du maître Rick Baker avec les effets numériques de Rhythm & Hues. Rien à dire à ce niveau là, et même si en 2012 la synthèse de ce film apparaît comme un peu datée, le résultat reste supérieur à tout ce que l’on voit actuellement dans les séries B. Pour finir, un truc. Il est intéressant de se rappeler que, alors que la carrière d’Eddie Murphy s’enlisait dans une série de flops, c’est la sortie de deux remake - ce professeur Foldingue et Dr Dolittle – qui a relancé le comédien sur la voie du succès.