Vaste programme que nous offre Coline Serreau: Rien moins qu'une race d'extra-terrestres qui viendraient nous apprendre à vivre !
Si l'intention est louable, avec une critique en règle, et plutôt adroite, de la société de consommation, de l'exploitation, de la pollution, thèmes chers aux hippies, l'alternative suggérée est d'un ennui pathétique, révélant une humanité "éclairée" occupée, comme dirait Desproges, à "batifoler dans les vertes prairies de l'insouciance". Et surtout, elle ne souffre d'aucune contestation. A aucun moment dans le film, cette société idéale n'est elle-même mise au banc de la critique, de sorte qu'on a l'impression d'assister à un cours magistral de savoir vivre dispensé par un baba cool sous acide.
Rien n'attire dans cette utopie: on s'y ennuie à mourir, on ne s'y pose aucune question, la science et la recherche ayant totalement disparu, remplacées opportunément par la préscience et la télépathie, béquilles certes bien utiles, mais hélas totalement chimériques.
Ce qui est vraiment abject dans ce film, révélant sa haute estime du genre humain, c'est que la société humaine y est condamnée dans son ensemble, avec des caricatures de citadins à la limite de l'insulte. Il n'y a pas un humain, hormis les "déconnectés" qui n'ait une parole sensée ou même bienveillante, mais les élucubrations bobo-ésotérico-philosophiques de l'héroïne sont, elles, paroles d'évangile.
Au passage, on apprend que les mangeurs de viande sont des monstres, bien que l'homme soit par nature omnivore, sans doute un mensonge propagandiste orchestré par Darwin...
Mme Serreau, même si la satire est vertueuse, je ne voudrais à aucun prix vivre dans cette société médiévale dont vous rêvez, fussent les décisions prises en commun !
Au moins, ayez l'humilité de reconnaître que la science infuse n'existe pas, et proposez-nous une alternative VIABLE au capitalisme, ce qui n'est pas chose facile, vu que les philosophes y réfléchissent en vain depuis des siècles...