Pas revu depuis ans, j'ai pourtant presque eu l'impression que cela ne faisait que quelques mois. C'est qu'à force de tomber dessus un peu par hasard, de lire ou entendre par-ci par-là certaines répliques, surtout après le décès du (très) regretté Jean-Pierre Bacri, ce film, on finit presque obligatoirement par le connaître, qu'on le veuille ou non. Alors évidemment, il s'agit à l'origine d'une pièce de théâtre et cela se sent. Beaucoup. Pas franchement évident, à ce titre, de voir la patte de Cédric Klapisch derrière la caméra, se contentant souvent d'un travail appliqué, sans grande envergure.
J'ai toutefois une préférence pour cet « Air de famille » au détriment de « Cuisine et Dépendances » : question d'écriture et sans doute de direction des comédiens (oui, car il y en a beaucoup en commun), à moins que ce ne soit ce thème, pourtant balisé, des retrouvailles familiales tournant au désastre qui, ici, fonctionne mieux qu'à l'accoutumée, justement pour les raisons évoquées ci-dessus.
J'ai beau trouvé ça un peu outré, excessif voire caricaturale, ces répliques balancées à tout-va et ses personnages souvent en souffrance sont aussi très efficaces, montrant un mal-être bien plus profond qu'on aurait pu l'imaginer, offrant des renversements intéressants, notamment dans la révolte de « ceux qui ne sont rien ». Pas d'enthousiasme, mais un statut manifestement particulier pour cet « Air de famille » ne vieillissant logiquement qu'assez peu, même si un récit plus « aéré » n'aurait pas dérangé outre-mesure votre serviteur... En tout cas, une chose est sûre : Jean-Pierre, on ne t'oubliera pas.