Comment un film peut-il être une comédie romantique, un soft porn (quelques fois porno tout court), un drame, une parodie et un film d'auteur ou du moins artsy, tout ça à la fois ? Et bien, ce film, réalisé par Bruce LaBruce et Rick Castro et sorti en 1996, nous montre que c'est possible, en moins d'une heure vingt, sans que ça ne soit ridicule ! Et oui, moi qui m'attendait à un nanar de première, j'ai finalement été très surpris du résultat, qui est très loin d'être parfait, mais qui donne un petit film underground bien sympa. Le film commence en singeant "Sunset Boulevard" puisque, comme dans ce dernier, nous découvrons un corps dans une piscine (ici, un jacuzzi) dès la scène d'introduction et nous allons ensuite suivre les aventures du mort à travers un long flashback afin de comprendre comment il en est arrivé là. Jürgen Anger, venant d'Europe pour écrire un article sur la prostitution à Hollywood, tombe sous le charme de Monti Ward, qui s'avère être le macchabée dans le jacuzzi, mais également un prostitué. Si l'enquête de Anger n'est en elle-même que très peu intéressante, elle nous permet de découvrir divers quartiers d'Hollywood régis par la prostitution et les films pornos gays. Et c'est là que les scènes un peu porno font surface en étant quelques fois très crues et en explorant divers fantasmes. Le film s'égare d'ailleurs parfois sur des personnages secondaires, qui deviennent principaux puis re-secondaires, ce qui est le principal défaut du film. En effet, ça fait partie du côté artsy du film mais on peine quelques fois à trouver le fil conducteur de tout cela, certaines situations n'étant prétexte qu'à aligner diverses scènes porno. En revanche, le film n'est pas que ça ; sous ses airs provocateurs, on s'intéresse tout de même à ce monde, tantôt utopique, tantôt dramatique, le film naviguant constamment entre ces deux opposés. Concernant les acteurs, nous retiendrons surtout Bruce LaBruce et Tony Ward, qui s'était déjà illustré dans "SEX", le livre sulfureux de Madonna, ainsi d'ailleurs que dans le tout aussi sulfureux "Justify My Love". Malgré ses défauts et maladresses, "Hustler White" arrive à être convainquant et divertissant, en transformant ses faiblesses en forces (l'image tremblotante, le montage assez flou, le son mal maitrisé, le jeu d'acteur approximatif etc.), rentrant alors dans les "codes" du cinéma underground.