L’Ultime souper est une comédie noire sympathique, divertissante, qui reste handicapé par son concept.
En effet, L’Ultime souper c’est un film concept. C’est-à-dire qu’il a une super idée de base, qu’il exploite bien, mais qui est à double tranchant. Ici ça donne un film trop redondant et pas exempt de longueurs en dépit de sa courte durée. En somme, pour ¾ du film, on se retrouve devant une succession de personnes aux idées conservatrices qui dinent avec les héros, des militants de gauche, et dont c’est l’ultime souper en général ! Les rencontres sont sympas, les dialogues parfois très drôles, le final est aussi bien vu. Seulement le concept se répète avec le curé, le militaire, la scout… et c’est donc répétitif, presque proche d’un film à sketchs. Pour échapper à cela le film essaye d’introduire des éléments extérieurs, comme la femme sheriff, mais au bout du compte on voit que ce n’est pas très exploité, pour la bonne cause que la réalisatrice s’en moque un peu. C’est accessoire. Et c’est peut-être plus frustrant encore que de n’avoir que l’impression d’un film à sketchs.
Après, c’est amusant, et le casting est complice. D’un côté les invités, qui prennent des airs de guest-star avec Charles Durning, Mark Harmon, Bill Paxton, Ron Perlman, lesquels sont tous bons, surtout Perlman qui est réellement énorme ! De l’autre côté, un jeune casting où l’on reconnaitra en vedette Cameron Diaz, encore au début de sa carrière ! Ils sont drôles, et Courtney B. Vance, en psychopathe sûr de lui mène bien la danse. Les personnages sont volontiers caricaturaux, mais l’entrain des acteurs fait que l’on passe un bon moment avec eux. Mais c’est vrai que Perlman s’impose réellement comme le clou du film ! Il arrive à la fin, ça tombe bien !
Formellement c’est assez théâtral, puisque les décors sont très limités, l’essentiel du film se passant dans la maison des gauchistes. La mise en scène est débrouillarde, la photographie recherchée, il y a un côté « Bd » dans certains plans, dans certains choix de réalisation et un petit côté « vintage » dans la décoration. On ne sait pas trop où, mais le film parvient à ne pas être trop terre à terre, il y a une dimension fantaisiste qui perce parfois. Un peu comme dans un Alex de la Iglesia par exemple, et je pense que la réalisatrice n’a pas complètement omis de penser à cette référence en tournant son film. La bande son est très bonne.
Finalement L’Ultime souper est une série B sympathique qui ne méritait sans doute pas son échec cuisant au box-office, mais qui souffre clairement de son idée de base, amusante mais forcément redondante, et je dirai aussi que le film ne se veut pas assez méchant. Il aurait réellement pu être plus caustique, plus incisif, sans doute a-t-il souffert de ses airs « Famille Addams », car même si c’est plus méchant quand même, il n’y a pas la vigueur tranchante d’un Alex de la Iglesia par exemple, que j’évoquais plus haut. 3