La critique de l’Effaceur n’est pas très bonne, pourtant c’est quand même un des grands moments dans la carrière de Schwarzenegger, peut-être le film où il se la joue le plus Monsieur Muscle à qui on ne la fait pas.
Le film s’appuie bien sûr sur son acteur principal, qui ne joue pas très bien ici il faut le dire. Pas très expressif, il traverse le métrage avec une constance assez déconcertante, et même si elle colle au personnage, on ne peut pas dédouaner Schwarzie quand on accuse parallèlement Seagal d’être monolithique ! Toutefois il ne manque pas de charisme. Il est secondé par des acteurs déjà plus expressifs pour le coup, notamment un James Caan réjouissant en méchant. Il en fait des caisses mais toujours en maitrise, et il fait penser à Ironside dans Total Recall. Vanessa Williams pour sa part se débrouille bien, et alors qu’on aurait pu craindre qu’elle s’efface totalement entre Caan et Schwarzie, et bien ce n’est pas le cas.
Le scénario est très basique. De ce côté-là c’est vrai que l’histoire n’a pas énormément d’allure, et n’est que prétexte à du bourrinage. Mais L’Effaceur est un spectacle très fun. Bourré d’action en tout genre et souvent totalement décomplexée, le film propose aussi un humour second degré un peu balourd mais qui s’intègre bien à l’ensemble. Très rythmé, affichant dès le début la couleur, Russell signe, comme il en a l’habitude, une série B de luxe qui remplit son cahier des charges, sans vraiment réfléchir plus avant. Certains le regretteront, mais enfin, pour ma part, tant qu’un film qui affiche un objectif le remplit, c’est déjà fort bien.
Visuellement L’Effaceur a bénéficié d’un très gros budget pour l’époque, et cela se voit. Russell comme d’habitude propose une mise en scène très fluide, très lisible, qui fait mouche dans les scènes d’action, et qui nous offre quelques moments anthologiques (lorsque Schwarzie est foutu dehors de l’avion !). L’Effaceur est réellement mené par un bon metteur en scène, et cela se voit. Les décors et la photographie correspondent tout à fait à un blockbuster de l’époque. Ils n’ont pas franchement vieilli, mais on sent tout de même un peu le poids des années. Cependant l’Effaceur affiche quand même une belle forme. Les effets spéciaux sont déjà plus inégaux. Globalement corrects, on notera que les crocodiles ont pris du plomb dans l’aile, mais qu’il est toujours très difficile même aujourd’hui de retranscrire des animaux bien réels de manière crédible à l’écran. En tout cas L’Effaceur même au niveau des fx n’est pas dégoutant, et s’impose sans problème face à quelques productions plus récentes comme Constantine entre autre. A noter aussi beaucoup d’effets pyrotechniques très années 90, bien orchestrés. Enfin pour la bande son c’est moins convaincant, le film n’ayant pas été très travaillé de ce côté-là.
En clair L’Effaceur est une bonne série B, divertissante et amusante qui s’attachant à son cahier des charges, le remplit sans sourciller. Agréable à suivre et rondement mené, Russell, habitué de l’exercice nous propose un film solidement orchestré. Je lui donne 3.5, car je dois avouer que l’histoire est tout de même d’une très grande banalité, que Schwarzie est assez loin de ses meilleures prestations, que la bande son manque d’application et qu’il y a quelques loupés visuels.