Réalisé par Jean-Claude himself, Le Grand Tournoi se veut être une sorte de remake de l’illustre Bloodsport, dans lequel Van Damme jouait le rôle de Frank Dux huit ans plus tôt, et avec qui il s’associe ici pour un nouveau scénario. Se déroulant en 1925, il y joue cette fois-ci Christophe Dubois (nom au moins aussi franchouillard que le vieux béret qu’il porte), un acrobate de rue (voir Jean-Claude avec la face blanchie est assez drôle quand on connaît ses interviews philosophiques futures) qui se retrouve clandestinement embarqué sur un navire de contrebandiers après avoir fui un gangster à qui il cherchait à voler de l’argent. Vendu comme esclave au Siam (la Thaïlande de l’époque) par Edgar Dobbs, personnage central étonnamment incarné par Roger Moore (Double jeu, James Bond de 1973 à 1985), il va être initié au Muay Thaï et amené à participer au Ghan-Ghen, un tournoi d’arts martiaux réunissant seize combattants de nationalités différentes afin de remporter un dragon d’or, que Dobbs cherche à dérober en bon ripou.
Il prend alors la place de son camarade Maxie Devine, joué par James Remar (le nouveau look de Rayden dans Mortal Kombat destruction finale), épaulé par un vieux maître sous les traits d’Aki Aleong (Portés disparus III, Dragon the Bruce Lee story). Le titre français se veut en fait assez opportuniste car en réalité, le tournoi ne dure qu’un tiers du film et tout le reste tente de construire un scénario d’aventure menant sur l’île, avec un Van Damme jouant un personnage plutôt chétif du haut des nombreux regards inquiets qu’il lance, et un Roger Moore vraiment charismatique avec une bonne tchatche, un accoutrement classieux et une barbe le rapprochant d’un Ra’s Al Ghul. Le titre original The Quest, bien que profondément sobre, était en fait bien mieux approprié.
Le tournoi reste appréciable pour sa cérémonie traditionnelle et les appels de l’organisateur par les pays des combattants (l’Allemagne contre les États-Unis, …). Van Damme y combat d’ailleurs Pjetër Malota, qui était déjà apparu brièvement dans Double Impact, Universal Soldier et Cavale sans issue. Il y retrouve surtout Abdel Kissi, son adversaire principal dans Full Contact, pour un combat assez long durant lequel ils s’éloignent toujours plus du ring pour en finir devant un public hystérique. Les autres combats sont effectivement très courts, avec une mise en scène tantôt maladroite (de nombreux ralentis qui ne servent pas à grand-chose), tantôt inventive bien que très cliché dans la démonstration des styles de combat (la capoeira du Brésilien, le singe et le serpent du Chinois). Un film correct mais loin de l’hégémonie d’un Bloodsport et marquant le début du déclin de l’acteur.