Après un film de fin d'études plutôt fendard, John Carpenter réalise enfin son premier vrai long-métrage en tant que metteur en scène, un western urbain pour ce grand fan du genre qui nous livre ici ni plus ni moins que son Rio Bravo. Sauf qu'ici, l'assaut se passe en pleine ville de Los Angeles, la prison est remplacée par un commissariat sur le point d'être fermé et les hommes de Burdette sont ici les membres d'un gang violent qui assiéger nos héros sans relâche. Dès lors, Carpenter va imposer son style, sa patte, sa manière d'opérer, aussi bien dans le schéma de son scénario que dans sa mise en scène... Écrit, réalisé, monté et même orchestré par Carpenter, Assaut dévoile les prémices d'une filmographie épatante : musique électronique sombre et angoissante, huis-clos étouffant (une spécialité chez le réalisateur, un thème que l'on retrouvera dans bon nombre de films), acteurs pas forcément connus mais bien dirigés et atmosphère fantastique sont donc de mise pour un premier jet époustouflant qui a certes vieilli mais qui conserve en lui toute la force d'antan. On parle d'atmosphère fantastique et on a bien raison, l'ambiance dans laquelle baigne ce siège sanglant étant clairement surnaturelle, que ce soit pour les assaillants muets qui, tels des zombies, se font massacrer en masse pour leur objectif, ou pour le décor glaçant, presque coupé du monde, rappelant indubitablement La Nuit des morts-vivants. Si le siège n'intervient que tardivement dans le métrage, il n'en est pas moins violent, l'ennemi invisible n'ayant pas vraiment de visage et étant constitué de barbares armés jusqu'aux dents qui flinguent le commissariat sans retenue, prêts à tout pour venger leur compagnon tué par un pauvre homme dont la fille a été tué par le gang. Réfugié dans ce commissariat inactif, il va entraîner ses quelques occupants (dont un policier, deux secrétaires et deux prisonniers) dans une coalition de dernier recours. L'intensité est à son comble durant la dernière demi-heure et Carpenter réussit à ne jamais perdre le fil et à tenir le spectateur en haleine. Au final, si l'aspect général a quelque peu vieilli, Assaut reste un must en la matière et l'un des meilleurs films de son auteur, qui expose ici les prémices de sa vision nihiliste du monde contemporain.