Chef d’œuvre chef d’œuvre ! Assaut, un plongeon dans un chaos urbain d’une noirceur totale, rien que par sa musique géniale, et huis clos minimaliste clouant. Moi qui adore le cinéma de Carpenter, Assaut m’a impressionné par sa maîtrise du cadrage absolument stupéfiante pour un deuxième film. Carpenter a le plan large de cinéma dans le sang, ça c’est clair, pour réussir à filmer son second long métrage avec un tel talent. Le scénario est simple, mais les histoires simples sont les meilleures quand on les raconte aussi bien. Assaut est prenant dès ses premières minutes, où on assiste à un carnage de sang-froid qui consiste en une entrée brutale, directe et irréversible en la matière. D’ailleurs c’est dans sa première partie que Carpenter déverse le plus de violence, en particulier le meurtre de la fillette qui produisit le même genre de choc à l’époque que celui du viol dans Délivrance, et par conséquent le même genre de censure. Cette mise en place qui dure presque la moitié du film montre déjà le génie empathique de Carpenter. On s’intéresse aux personnages, à leurs sorts respectifs, pourtant ils sont simples, mais ont de la personnalité, et une interprétation excellente, donc on les adore et on ne veut surtout pas qu’ils meurent. Austin Stoker, grand héros black à l’effigie du Duane Jones de la Nuit des Morts-Vivants, est à la hauteur comparé à ce dernier, et Laurie Zimmer en Leigh, femme cachant une étincelle de lutte pour la survie en elle, sont mes deux préférés. Charles Cypher, qui suivra Carpenter pendant une grosse partie de sa carrière, intervient pour la première fois dans un film du Master of horror. Cependant, cette mise en bouche ne serait pas aussi importante pour la suite si l’on y suivait pas le quatuor de méchants silencieux, commettant les prémices barbares du déchaînement qu’ils préparent. Il y a également, lors de cette phase 1, un survol du lieu où se dénouera le drame, ce commissariat divisé en plusieurs pièces : la prison, le bureau et ses salles annexes…autant d’entrées à défendre contre la tempête meurtrière qui se prépare. Quant au souterrain, c’est le dernier endroit de repli, il est bien entendu sagement passé sous silence. Arrive enfin le siège, cette seconde partie distillant une tension croissante. On est déjà bien excité, complètement captivé par le récit, et l’intensité de ces assauts répétés, notamment pendant les moments d’attente des pluies de balles, n’en sera que décuplée. Le film fonctionne à un régime largement supérieur à beaucoup de séries B toutes périodes confondues, malgré les effets spéciaux démodés (mais en aucun cas ridicule car ils sont mis le moins possible en avant) et le rythme vieillot (qui nous gagne complètement une fois qu’on est rentré dans le film). Le drame prend une ampleur étouffante, la musique lorgne vers le lacrymal style western, et lors du final il n’y a plus que le film qui existe. Et ce qui est si stupéfiant, c’est qu’à chaque vision, l’effet obnubilant d’Assaut on Preccint 13 nous reprend avec autant de force, inaltérable.