On peut considérer ‘Assaut’ comme le premier “véritable” film de John Carpenter, ‘Dark star’ n’ayant été, au mieux, qu’un projet de fin d’étude monté en graine, tourné rapidement et sans budget, sans acteurs professionnels, sans succès critique ou retour commercial immédiat. Western qui n’est déjà plus un western, et pas encore autre chose, ‘Assaut’ annonce le cinéma d’action des années 80 tout en déroutant le spectateur qui aurait grandi avec ce cinéma et ses successeurs, tout en démesure et en héroïsme mégalo. ‘Assaut’ n’impressionne et ne surprend jamais (sauf dans la scène où une fillette est abattue à bout portant, ce que Carpenter reconnaîtra plus tard comme une faute de goût), l’assaut n’est pas une apothéose : des coups de feu s’échangent, des gens tombent, la mort passe et repasse sur le commissariat, impassible et indifférent, à l’image du spectateur contemporain gavé d’images spectaculaires qui va probablement trouver le temps sacrément long. En terme de pur spectacle, ‘Assaut’ a fort mal vieilli mais, à l’instar de sa bande son synthétique datée de Big John mais qui conserve certaines vertus hypnotiques, quelques uns de ses motifs, qui singularisaient déjà le film en 1976, continuent à susciter un intérêt persistant. Il faut dire aussi qu’une bonne partie du cinéma postérieur de Carpenter s’y trouve déjà. Commissariat ou pas, on est clairement dans ce qui deviendrait un jour du “Home-invasion” ; l’anti-héros qui ne trouvera aucune rédemption pour ses exploits annonce Snake Plissken mais ce sont surtout les assaillants qui s’écartent de toutes les normes communément admises à l’époque. Comme dans ‘La chose’, ils sont “informes”, c’est à dire privés de tout potentiel iconique. Malgré leur nombre, ils agissent comme une entité collective primale et aveugle, tournée vers la destruction. On ne sait pas avec certitude ce qu’ils pensent, ni pourquoi ils agissent comme ils le font, à l’image de ce qu’était Michael Meyers dans le ‘Halloween’ fondateur. Comme en contrepoids à son approche sèche et réaliste, Carpenter avait demandé à ses figurants de ne pas prononcer une seule parole durant l’assaut, et d’adopter consciemment des mouvements lents et anti-naturels. : en lieu et place des membres d’un gang, on a peut-être affaire aux premiers et derniers zombies armés de l’histoire du film de genre.