Twister (1996), est un cas d'école suffisamment riche pour qu'on s'y attarde, à quelques petites semaines de la sortie du reboot Twisters.
Twister de Jan de Bont est à mes yeux un film bien trop sous-estimé, et nous allons essayer de voir pourquoi.
S'il embarqua avec lui l'ensemble des éléments qui font d'un film d'aventures des années 90 un succès, cachet Amblin oblige, il en bénéficie néanmoins de tous les atouts :
À commencer par le soin apporté à sa confection : car derrière ce que certains qualifient comme "un bon p'tit film catastrophe" il y a une sacrée équipe et pas n'importe laquelle.
Jan de Bont tout d'abord, qui après 30 de carrière comme directeur de photographie aux Pays-Bas puis aux États-Unis, se verra confier les reines du projet après la réussite de sa première réalisation 2 ans auparavant : Speed.
Ensuite, on regroupe l'équipe AAA des années 90 (Terminator, Jurassic Park...) aussi bien dans l'écriture du scénario (Michael Crichton), que dans l'équipe en charge des effets spéciaux (Dennis Murren à la barque). Il s'agissait en effet de la première fois que les équipes d'ILM se frottaient après les liquides d'Abyss et Terminator et les animaux préhistoriques en chair et en os à une modélisation complète de particules volatiles et des éléments embarqués.
On complète le tout avec le grand et monteur attitré de Spielberg, Michael Kahn.
Enfin, pour terminer le chapitre consacré à l'équipe derrière les caméras, la bande originale de Mark Mancina est un élément capital dans cette réussite. Elle offre une alternance musicale à la fois lyrique et sombre à l'OST composée de grands noms du rock US. La partie soutenue par les chœurs donne voix de façon mystique, majestueuse, mais aussi rend toute leur force et leur dangerosité aux Tornades.
Avoir une bonne équipe, c'est bien, mais le film au final ?
Tout d'abord, le choix de l'échelle du film : Embarquer le spectateur au cœur d'une équipe de scientifiques, mais surtout, faire demeurer l'expérience de la catastrophe à échelle humaine tout le long du métrage. Dans Twister, pas de table ronde avec des militaires, ni de planisphère rétro éclairé. Pas de plans full CGI d'une ville se faisant raser sous nos yeux ni de bâtiments emblématiques détruits (Coucou Roland & Micheal).
Ensuite, tout dans ce film est palpable : le travail visuel et sonore donne corps pour la première fois à l'écran, de façon réaliste et divertissante à ces forces de la nature que sont les tornades. Enfilez votre plus belle paire de bottes, car vous attendent poussière, vent, boue et autres joyeusetés.
Soulignons aussi le fait ancré l'histoire dans une réalité territoriale, la célèbre Tornado Alley, au centre des USA et mais aussi scientifique/technophile (on retrouve la Chriton's touch). Cela donne de la matière à un univers global et cohérent.
Côté acting, rien n'a reprocher : L'alchimie Hunt - Paxton fonctionne parfaitement.
Les critiques que j'ai pu entendre à l'encontre de Jami Gertz vis à vis du côté superficiel et agaçant de son personnage semblent justement souligner la justesse de l'interprétation dudit personnage. Viennent s'ajouter à cela une palette d'acteurs plus ou moins connus, tous justes qui proposent une équipe diversifiée, complémentaire à laquelle on croit.
Thématiquement, le film est riche, à contrario de la plupart des films catastrophes classiques et va jouer sur plusieurs tableaux et sujets notamment totalement humains :
Il y a notamment le sujet de la famille qui est central : famille détruite, famille reconstruite. La famille de sang et la famille de cœur.
Il y a bien sur le sujet du couple, qui ici aussi se brise, tente de se reformer ou bien se retrouve.
Il y a pour beau sous-texte, le fait de trouver de chasser ses fantômes et de trouver réponse, en sondant son âme. Savoir ce qui nous fait réellement vibrer, la place que l'on souhaite occuper.
À cela, se rajoute l'enjeu clé, lié aux tornades celui-ci : comment réussir à améliorer les systèmes de prévention et ainsi sauver des vies.
Twister est donc une histoire familiale, dynamique, cohérente, qui nous fait aller d'aventure en aventure.
Finalement, ce qui me laissera toujours pantois, c'est la facilité négligente avec laquelle le public va chercher des poux dans des productions aussi honnêtes, divertissantes et généreuses, qui respectent le spectateur et portent en même temps au pinacle des hérésies franchisées dénuées de toute prétention artistique, avec un seul et unique but, servir une purée pré-digérée.
Ce devoir de mémoire cinématographique est d'autant plus important que le reboot semble aller droit dans le sillon des propositions nostalogiques de ces 10 dernières années : Montez les potards du cataclysmique, placez vos easter eggs (la voiture de bill, Dorothy..), reprenez un semblant de conflit entre deux équipes concurrentes, une bonne dose de plans too much (les tornades semblent littéralement prendre en chasse les chasseurs / le plan de l'ouverture des portes en pleine tornade). Finalement, encore un exemple semble-t-il de film, les fesses entre deux chaises qui ne sait ni s'éloigner du concept original ni proposer des choses intéressantes. Alors on ressert la même tambouille en moins bien, mais X fois plus coûteuse.