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    Du jour au lendemain
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    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

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    4,5
    Publiée le 27 octobre 2010
    «Von Heute auf Morgen» (RDA, 1996) de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet conduit à voir, par les moyens du cinéma, la mise en scène d’un opéra en un acte d’Arnold Schoenberg, ce même compositeur autrichien auquel Straub et Huillet rendirent hommage en 1972 avec le court-métrage «Einleitung zu Arnold Schoenbergs Begleitmusik zu einer Lichtspielscene». Les moyens employés le sont de manière pondérés, d’autant plus et d’autant mieux qu’ils rendent précieux chaque élément des plans ou du montage. Les plans, cadrés et illuminés avec la précision juste de William Lubtchansky, occupent une place si précise dans le corps du film et fascinent tant par leur beauté exacte qu’à chaque raccord de montage, un nouveau cadre apparaît avec le salut d'une respiration fortifiante qui gorge le film comme autant de piliers pour construire et soutenir une bâtisse. En procédant avec parcimonie, Straub & Huillet redouble le désir du spectateur pour les images, les sons et leurs épiphanies heureuses, à la façon d’un Hitchcock. «Von Heute auf Morgen» trace l’Odyssée d’un couple de parents bourgeois, passant en un acte de la jalousie au mépris, du mépris au déchirement et de ce déchirement à la réconciliation. Comme Ulysse, le couple de Schoenberg lorgne vers l’ailleurs, vers un(e) amant(e) possible, pour mieux recouvrer la raison en retournant dans le foyer familial. Derrière ce parcours ne se cache pas une vision réactionnaire de la famille mais plutôt une lucidité pratique de la communauté familiale contre le déraisonnement moderne du libertinage. Straub et Huillet, ainsi qu'Eustache en un autre temps et d’une autre manière, d’une modernité fulgurante, celle qui ose encore en son temps, travaillent à donner l’avantage au classicisme, à la tenue solide d’un état de fait pérenne. La musique de Schoenberg prête à l’ensemble une portée pleinement cinématographique, cinéma qui se figure autrement dans le visage de l'actrice principale féminine, à mi-chemin entre les traits délicats de Katharine Hepburn et la chevelure brune et séduisante de Jean Simmons. Les héritiers contemporains de ce type de cinéma si profond comptent parmi les plus grands réalisateurs des années 2010, Pedro Costa comme Albert Serra. «Ne change rien» de Costa rend notamment tribut à ce film dans sa manière de filmer le plateau d’opéra.
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