Second film des frères Coen, "Arizona Junior" est un concentré pur jus de délire parodique, à la fois tendre et barjo, porteur du style et de la patte si singulière des deux bonhommes. Globalement réussi, ce bébé met en scène un Nicolas Cage jubilant, truand et pommé. On retrouve aussi des personnages récurrents aux films Coen tel que le lourdaud mais très efficace John Goodman. Une fine équipe qui va se retrouver immerger dans une folle histoire de bébé kidnappé, de taulards pas très frais, de chasseurs à primes putrides et de recherche du bonheur, de l’équilibre familiale parfait. Un scénario signé Coen comme seuls eux savent en faire, alliant simplement mais subtilement humour et émotion. N'essayez pas de décrypter la moindre critique sociale ou un quelconque message engagé, ici c'est la dimension parodique et complétement loufoque du film qui se taille la part du lion. La manière dont est façonné le film n'a en elle-même rien de remarquable, mais l'atmosphère sans cesse décalée et pittoresque émanant des situations comme des personnages font de "Arizona Junior" une comédie singulière, qui ne serra sans doute pas massivement appréciée (comme c'est le cas de la totalité des films des frères Coen en fait, parfois très intimistes et spéciaux). Le tout reste toutefois très abordable. Éminemment humoristique, certaines scènes lorgnent parfois vers le drame sentimental. Une approche qui ne créer pas du côté des spectateurs l'effet escompté, assez maladroit et incohérent face à l'ambiance délirante du film. Cependant il est certain que les aléas amoureux de notre cher couple extrêmement hétéroclite sont pour le moins féroces. Les situations, bien qu'ingénieuses, ne soient souvent pas exploiter au maximum. Les péripéties sont elles aussi simplistes et prévisibles, bien que les dialogues et les frénétiques scènes de poursuite soient les bienvenus. Comme cité plus haut, Nicolas Cage est tout à fait honorable dans son costume de malfrat gentillet et amoureux d'une policière stérile, fragile et rêvant d'une parfaite osmose familiale, et dont le rôle est confié à Holly Hunter. Même si le courant circule bien entre ce couple du cinéma, l'interprétation de Mme Hunter est hélas peu convaincante et incite le plus souvent aux pouffements moqueurs qu'aux rires francs. Trey Wilson, alias "Nathan sénior", le père de l'enfant kidnappé, à tout d'une belle gueule d'américain capitaliste, et son mouflard disparu, "Nathan Jr" est à croquer! Le motard du diable, "William Forsythe", est quant à lui tout droit sorti d'un western crasseux de Leone, et apporte une touche de fantastique agréable! A ce propos, quelques plans rappelleront furieusement les films du génie italien.
Que penser de tout cela au final ? "Arizona Junior" mélange les genre, s’emmêle souvent les pinceaux, sautille assez maladroitement, boite et se gamèle même parfois ... En tant que films des frères Coen, on ne criera certainement pas au chef d’œuvre. Néanmoins, dans la mesure ou réaliser une comédie réussie est un travail extrêmement ardu, j'estime que nos deux frérots s'en tirent sans trop de blessures. Agréable mais sans réelle saveur. 13/20