Chariots of fire est tellement plus que sa bande son culte, c'est un monument de cinéma. La trame sportive sert de fond à une exploitation de la religion dans les milieux ultra-conservateurs britanniques des années 20. Mais pas dans les aspects politiques ou sectaires du terme, qui sont simplement observés et restitués, non, dans la façon dans les gens vivent la religion, la ressentent, la respectent. Cette humanité est dans chaque plan du film. Elle entraîne des dialogues splendides, où Liddell, le riche catholique se confronte indirectement avec Abrahams, l'esthète juif. Elle se poursuit ensuite sur la piste, où Hugh Hudson filme au ralenti les émotions qui traversent nos athlètes : bonheur, doute, frustration... La caméra est voyeuriste, juste, sublimée par la musique de Vangelis. Parmi les scènes inoubliables du film, je note 2 courses où l'image est incroyablement renforcée par la musique : la défaite d'Abrahams, lorsque l'image, forte, du visage du champion déchu se répète à loisir, sous tous les angles, pour bien faire comprendre que cette défaite allait le transformer. Puis la course de 400m d'Eric aux Jeux Olympiques, où il exprime en voix off sa croyance et sa fierté d'être ce qu'il est. Lorsque la voix off s'arrête, la musique gronde, Liddell lève la tête, ouvre grand la bouche pour trouver l'oxygène et court, tout simplement, vers une victoire annoncée. C'est splendide. Enfin, il y a ces images de foule, d'une maîtrise inouïe . Je ne me lasse pas de revoir ce film parfait, où le sport et l'histoire se chevauchent avec humanité. Un pur chef d'œuvre.