On passe son temps et toute son attention à décrypter les images, les voix, les citations que Godard entremèle dans un récit échevelé comme autant d'idées jetées en l'air, comme autant de pistes guidant notre réflexion derrière la sienne.
La guerre en Bosnie et ses atrocités déterminent les considérations du cinéaste sur la société occidentale, coupable de laxisme et de capitalisme imperturbable. Plus, il alerte sur un possible syndrome "espagnol" en suggérant l'analogie entre les années 90,la guerre yougoslave, et les années 30 à partir de la guerre civile espagnol. Au milieu de l'indifférence, de jeunes comédiens français, incarnant une jeunesse peut-être plus concernée que ses ainées, partent en Bosnie jouer "On ne badine pas avec l'amour".
A l'échelle du cinéma de Godard, la guerre et la barbarie ne sont pas réalistes mais on en ressent bien la férocité. Dans la seconde partie de son film, c'est l'incapacité du cinéma, précisément à raconter la Bosnie, que démontre Godard avec beaucoup d'ironie.
Cependant, si le plan général du film se dégage avec évidence, beaucoup d'idées se perdent dans la profusion et le désordre d'images et de textes souvent métaphoriques. Dérouté, et un peu étourdi, réduit à puiser parmi les idées les moins obscures, on se contraint, pour ne pas décrocher, aux efforts qu'impose le cinéma de Godard