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Eowyn Cwper
124 abonnés
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3,0
Publiée le 14 juillet 2020
La misère sociale qui met au défi la légendaire monovisagite finlandaise : voilà la forme que prend cette fois l'ode ouvrière de Kaurismäki.
Jouant aux petits capitalistes, ses personnages s'entourent de moins de choses qu'en Occident pour combler un vide qui paraît plus grand. Des licenciements, du chômage, des inspections qui tombent mal, des opportunistes malsains qui sont le dernier recours du travailleur désespéré… Il n'est pas difficile de voir dans l'univers du film la continuité des regrets causés par le changement de système après l'URSS. Une Finlande excentrée, trop coupée de l'Europe, coincée entre ce qui continue d'être deux blocs : c'est toujours la même histoire chez Kaurismäki. Ce qui change, c'est la clé.
Ici, par exemple, on foncerait dans le mur en croyant que le peuple de Finlande n'a que ce qu'il mérite, et que l'objectif du réalisateur est de lui renvoyer ses clichés à la figure. Au contraire, derrière les visages fermés se joue la reconquête d'une vie qu'on pourrait dire « normale ». C'est au spectateur d'attribuer les bonnes émotions aux bons personnages, dans une sorte de puzzle gentillet qui remet tout un cinéma en grâce sans s'en donner les airs.
Le film a le mérite de créer une ambiance et un style, à partir d’un univers du quotidien banal, avec ses intérieurs plutôt vieillots, tristes et dépouillés, par le choix de couleurs qui contrastent et de plans fixes censés donner de l’importance à la situation montrée. C’est le cinéma de Aki Kaurismaki, rapidement reconnaissable, et pétri de bonnes intentions. Qui peut plaire ou non. La simplicité tend au simplisme, les comportements à la caricature et les événements à la succession de poncifs. Tous les maux sociaux s’abattent en effet sur ce couple Finlandais de la classe moyenne inférieure : Ils perdent chacun leur emploi, puis sont victimes de malfrats (le tenancier du bar), d’intermédiaires sans scrupules (le vendeur d’adresses), et de banquiers incompréhensifs voire malhonnêtes ; ils se voient saisir leurs biens par les huissiers ; ils tombent dans l’alcoolisme ; et perdent, en même temps que leurs illusions, leur petit pécule au jeu. Cette accumulation, suivie du « miracle » de la réussite bien méritée relève du roman photo et de l’image d’Epinal. La volonté d’épure, à laquelle renvoie fugacement l’affiche du film de Robert Bresson entrevue dans le cinéma, manque ici de la puissance nécessaire. Elle est aussi contredite par des facilités inutiles comme les plans récurrents sur le chien. Quant au caractère drôle du film et à son humour évoqué par certains, j’avoue n’en avoir pas perçu le début du commencement. Peut-être il y-a-t-il des seconds degrés qui m’échappent.
Un film qui se démarque par sa composition : une caméra souvent fixe avec des personnages souvent de marbre, tels des statues, et quelques rares mouvements lents, de caméra ou d'images. Une atmosphère froide, de marbre pourrait-on dire, et presque triste, qui montre un couple (exemple de la société) en perdition... Mais la force et volonté de la femme surpasse cette société inhumaine pour que l'on atteigne un happy-end (?) : un travail, une télé, un chien et de l'amour.
un petit bijou . drôle à souhait, caustique, émouvant ... malheureusement, impossible de trouver le DVD . j'ai beau cherché, rien n'y fait ... mais que de bons souvenirs.
Un formidable Kaurismäki, evidemment presque impossible à voir et à acheter, seulement en coffret, histoire de vous faire racheter /l'homme sans passé/
Le dernier plan sublime nous donne à voir un thème cher à son réalisateur : la grâce, mais toujours voilée. Ce qui frappe c'est l'humour d'une subtilité redoutable et qui commence dès le premier plan : un chanteur de jazz, gros plan sur les mains... il ne joue pas ce qu'on entend. Tout est dit et le jeu continuera longtemps, humour acide et délicat.
L'histoire de ce film est en fait l'histoire d'une résolution picturale. Le problème, dirait-on, ce n'est pas le chômage, bien au contraire. Le problème, comme Ilona le demande dans un plan magnifique de la cuisine, c'est la bouilloire rouge, ce foutu rouge qu'il va falloir évacuer du cadre, ou au moins mettre à sa place. Regardez-le, ce coin rouge, bouilloire, manteau... rouge pétant, rouge sang.
C'est l'un des films les plus drôles que j'ai vu de ma vie, en plus dans une salle d'art et d'essai pétrifiée d'incompréhension, qui prenait ce film au premier degré... Moralité : on était 2 à rire (ma fille et moi) ! Entre le micro du perche-man et le téléphone inraccrochable, je suis parfaitement d'accord avec Clotho, ce film est un chef d'oeuvre, une veine Tati-esque ? 10 ans après, j'en rigole encore !!!