Considéré comme le meilleur film des frère Coen, Fargo s'inscrit avec No Country For Old Men et entre autres bien entendu Blood Simple (qui fut en réalité leur tout premier film) dans la partie de leurs filmographie consacré au thriller et au film noir (et bien noir), l'autre moitité étant elle dans le registre de la comédie (on pourra ainsi citer O'Brother, The Big Lebowski, le très récent A Serious Man et Burn After Reading (film qui représente à lui seul toutes les raisons pour lesquelles les frères cinéastes sont beaucoup moins compétents de ce niveau)), et ce qu'on peut dire, c'est que, autant l'influence noire que Joel Ethan avaient donné à certaines de leurs comédies étaient souvent un mauvais point pour le suivi de celles-ci (A part peut-être pour O'Brother (unes de leurs meilleures comédies) où ils sont arrivés à un résultat ni trop brouillon et ni trop impersonnel (même s'ils se détachaient souvent de l'humour noir et burlesque (souvent indigeste) d'un Burn After Reading (vais-je enfin arrêter de taper sur ce film ?))), autant Fargo prouve que l'influence du comique et du quasi-burlesque sur leurs films policiers peut faire décidément du très très bon ménage. En effet, le film suit les péripéties navrantes (mais (malheureusement) véridiques) de personnages hauts en couleurs tournant tous autour de Jerry, homme fauché et marié à une femme dont le père est millionaire, qui ira jusqu'à organiser la fausse prise en otage de sa propre épouse par deux hommes (payés au préalable) pour faire crouler le beau-père avare à payer une rançon conséquente pour sa libération. Evidemment, ce qui devait être un plan sans danger ni haine ni violence va tourner au carnage sans nom. L'histoire vaut surtout pour la mise en scène des Coen qui arrivent à exploiter à son apogée le système de Blood Simple qui restait déjà un très bon film, en distillant l'intrigue dans une avancée progressive et logistique dans la noirceur, toujours nuancée par sorte d'humour plus noir que noir qui tourne presque dans le macabre (la tagline "oserez-vous en rire ?" n'est pas là pour rien, croyez-moi), ainsi que des personnages, qui cèdent de plus en plus à des explosions de violence due à une perte constante de contrôle de la situation, devenant de plus en plus catastrophique au fur et à mesure de l'avancée du long-métrage, et au final, dans toute cette galerie de personnages en pleines névroses des plus partagées, seule la policière envoyée enquêter après la découverte des premiers cadavres semble arriver à tenir sa tête sur les épaules (et à la garder aussi (hi hi, quel jeu de mot subtilement placé !)), raison pour laquelle elle devient peu à peu le véritable personnage principal du film, d'ailleurs interprètée par une très bonne Frances McDormand revenu de Blood Simple justement (au doublage français risible cependant (il va falloir que je ressorte mon bon vieux carton rouge d'antan... (Ces rimes poétiques sont involontaires malheureusement)). Pour le reste du casting, on remarque notamment Peter Stormae qui joue avec Steve Buscemi (qui jouera plus tard Donny dans The Big Lebowski) les deux hommes chargés de kidnapper la femme de Jerry, et qui reste aussi uns des seuls avec Frances McDormand à ne pas pèter les plombs même si ses méthodes pour règler les problèmes s'avèrent quelque peu... Brutales, et on peut aussi mettre une mention spéciale à l'interprètre de Jerry, William Macy, qui arrive tout de même à donner une petite ampleur dramatique à l'ensemble. Il ne reste plus que la photographie, très propre et très soignée qui favorise le blanc (avec des nuances de rouge sang) enneigé des décors du film plutôt oppressants, qui lui donnent un cachet assez spécial. En tout cas, on pourra dire plein d'autres chose sur Fargo, mais surtout que c'est LE meilleur film des Coen et qu'il s'agit d'un grand chef d'oeuvre du polar moderne, ainsi qu'un très bon film sur comment une situation peut au départ maîtrisée peut empirer à une échelle sanglante. Conclusion : Fargo ou comment un fait divers aussi extravagants que sanglant, dramatique et plutôt horrible peut apporter au moins une bonne chose : un chef d'oeuvre du film policier, avec de très bons acteurs et une noirceur nuancée par un zeste d'humour très très noir, suite de péripéties navrantes et de quiprocos gigantesques. La mise en scène est d'ailleurs très bien dirigée par les frères Coen qui arrive à donner un résultat qui mélange beaucoup de choses mais qui sait là où il veut aller et les moyens pour arriver à sa faim : culte, tout simplement !