Un excellent métrage que L’Ombre et la proie, peut-être le meilleur film ou l’un des meilleurs films de Stephen Hopkins, qui réalise un exercice de style audacieux et très original.
Le casting déjà est très remonté. Val Kilmer trouve un rôle qui lui sied bien en ingénieur plein d’espoir, et il colle vraiment à son personnage, il est crédible, et il trouve un équilibre solide avec Michael Douglas qui joue un rôle tout à fait antagoniste avec une évidente jubilation. Piquant, incisif, truculent, on notera aussi qu’il n’est pas caricatural à outrance comme souvent avec les baroudeurs d’Afrique dans les films. Il est brillant, et c’est vrai que ce duo avec Kilmer est d’un rare équilibre. Autour d’eux de bons seconds rôles, un peu discret peut-être en terme de présence, mais qui ne se font pas pour autant oublié. A noté quand même un John Kani aux petits oignons qui vient compléter judicieusement le duo principal.
Le scénario est remarquable. Alors finalement pas tellement pour l’intrigue elle-même, bonne certes, originale bien sûr, mais c’est surtout la narration, le déroulé, et l’angle du propos qui sont au top. L’Ombre et la proie choisit une tonalité aux limites du rêve, le mystère est présent de bout en bout, et L’Ombre et la proie distille une atmosphère délicieusement poétique. Une petite pointe d’humour à l’occasion, des scènes chocs judicieusement répartis, le métrage est intriguant, et le faux rythme lancinant est parfaitement adapté au climat chaud, poisseux, du film. Peut-être pas la tuerie sur le fond, mais clairement une des rares grosses productions à pouvoir s’ériger comme un film d’ambiance mémorable.
Evidemment pour marquer ces points le film doit être visuellement au top, et il l’est. Doté d’une mise en scène brillante d’Hopkins qui met tout son savoir-faire dans des scènes d’action totalement attrayantes, et que la présence de vrais lions démultiplie, le métrage peut compter sur des qualités visuelles spectaculaires. Paysages sublimes, reconstitutions travaillées, nombreux figurants, photographie de velours, L’Ombre et la proie est visuellement luxueux, élégant, raffiné, et délicieusement africain. La bande son n’est d’ailleurs pas en reste, elle aussi en parfaite adéquation avec l’atmosphère générale. A noter quelques scènes sanglantes qui déconseilleront quand même le métrage au jeune public.
Enfin pour ma part j’ai vraiment apprécié ce film. Si j’ai quelques petits regrets sur une histoire qui aurait pu être un peu plus à suspens, et sur une fin qui aurait peut-être pu se mouiller un peu plus quand même, reste que L’Ombre et la proie est une grosse production qui se montre culottée par rapport à d’autres. C’est plus typé que la moyenne, c’est clair, et c’est plein de singularité. A voir. 4.5.