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Stéphane R
24 abonnés
348 critiques
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3,0
Publiée le 6 janvier 2024
Un intérêt historique pour ce film en couleurs (et en jouant particulièrement) de la nouvelle vague. Pour l'histoire du cinéma et pour l'histoire des mœurs. Pas évident de savoir ce que pense Varda sur ces mœurs. Une lecture 2023 en ferait une dénonciation de la masculinité égocentrique toxique. Pas sûr que ce soit ça. Peut-être plutôt le bonheur malgré tout et une dénonciation de la monogamie imposée, je ne sais pas. Le phrasé n'est pas d'un naturel absolu, ce qui peut s'avérer gênant. A noter que c'est la famille Drouot au complet qui est devant la caméra (Thierry la fronde, mais aussi sa femme et leurs deux enfants), ce qui rajoute au trouble de cette histoire, au-delà de la troublante Boyer.
Le bonheur, selon Agnès varda, c'est l'état amoureux sous toutes ses formes. L'originalité du film repose sur une vision édulcorée et irréaliste de l'existence du personnage de Jean-Claude Drouot. François vit un amour conjugal sans scènes de ménage et un amour adultérin sans cas de conscience. Il ne partage pas son amour entre deux femme; il additionne deux amours pour un bonheur doublé, avec une sincérité désarmante. Varda filme un bonheur sans impureté qui ressemble au bonheur originel, celui d'Adam et Eve, auxquels les promenades bucoliques de François et Thérèse semblent faire référence. Même l'évènement dramatique du film ne remet pas en cause la simplicité naturelle avec laquelle François aborde l'existence.
Les personnages ne sont pas forcément crédibles ou réalistes mais ils relèvent, telles des abstractions, d'une idée philosophique ou poétique. Le film fut intedit à l'époque au moins de seize ans, moins sans doute à cause de quelques scènes amoureuses très prudes qu'à cause de l'absence de jugement moral sur l'adultère de François, sur la liberté qu'il s'octroie de poursuivre sa vie avec sa maitresse de la façon la plus intuitive qui soit. Le film n'est en rien cynique; au contraire, il exalte avec une feinte candeur la sincérité amoureuse de François, son aptitude à s'adapter à la vie, le secret du bonheur probablement.
J'ai bien aimé ce film d'Agnès Varda, l'image est sublime comme à son habitude avec la cinéaste surtout en ce qui concerne de filmer la nature.
J'ai beaucoup aimé le scénario et la façon unique de traiter un sujet délicat qui est l'adultère.
Dans le film le point de vue notamment du "trompeur" est très particulier en soi puisqu'il n'y voit aucun mal et surtout il ne mêle pas adultère et trahison.
J'ai beaucoup aimé cette position prise par Agnès Varda d'ouvrir l'esprit à autre chose que nos idées préconçues .
Cette esthétique vieille france, campagne, fraiche jouvencelle me ravit absolument...La fin glaciale est assez perturbante aussi d'autant plus que j'étais sur un nuage toute la première partie
Encore un long clip esthétisant, au noeud tragique et un peu long: toutefois vu que l'ensemble a été produit avant l'ère de MTV et des portables une atmosphère sereine et novatrice imprègne l'ensemble comme les acteurs principaux et J-C Drouot qui joue sa partition dans l'air du temps. Certains ont dit que les protagonistes semblent à certains moments vivre leur vie ainsi que des 'béni-oui oui'; mais selon l'adage les gens heureux n'ont pas d'histoire...
Une bande son qui ne se prive de rien, au bonheur des oreilles, et offre un point de vue assez perturbant sur l'image. Elle nous montre un homme adultère dépourvu de douleur et de sentiments autre que l'amour et le désir, tendis que Mozart sous-tend une douleur au cœur derrière son exaltation, qui exprime la tragédie que devrait ressentir cet homme s'il était humain..
Agnès Varda a-t-elle porté un jugement critique sur le libertinage ? Ou a-t-elle simplement du mal avec cette utopie qui vie son printemps dans son entourage ? Après Cléo de 5 à 7, il est difficile de se dire qu'elle le porte en étendard. Toute cette réflexion n'aurait pas été sans Mozart. Il est clair en tout cas, que la justesse des personnages est inexistante, ils ne sont que des idées, des questionnements, dès objectifs peut-être..
La mise en scène est un peu moins audacieuse que précédemment. Les quelques discontinuités marquent bien le coup sur les ressentiments que la réalisation veut nous faire passer. Cela me fait penser aux merveilleux souvenirs de la guerre dans "prêteur sur gage" de Sydney Lumet sorti un an avant..
Pour moi ce film reste une interrogation ? L'auteur en voulant s'affranchir de la morale, s'est affranchi de point de vue.
Les talents d'Agnes Varda sont immenses et on les retrouves parfaitement dans ce film. Le scénario est cependant un peu lent à certains moments. Le jeu des couleurs est sublime. La définition du bonheur est réinventée avec ce film qui touche notre sensibilité.
Dans Le Bonheur, Agnès Varda brosse le portrait d'un couple bien différent de celui de son premier long-métrage La Pointe Courte. En effet, l'amour de François et Thérèse ne paraît jamais être en proie au doute tant leur bonheur semble immuable, à la manière d'un moment d'allégresse capturé et figé par un peintre impressionniste. Ce couple s'apparente à un symbole de la « foi parsonienne » en la famille nucléaire, structure familiale qui permettrait d'apporter un équilibre et une harmonie domestiques. spoiler: Mais cet équilibre est bouleversé lorsque François, homme libre par son étymologie, entretient une relation extraconjugale avec la postière Emilie. Pour autant, ce bouleversement ne signifie pas nécessairement que le bonheur de François soit amoindri, puisqu'il en est même décuplé. François informe alors son épouse de sa relation avec Emilie à travers une comparaison avec un pommier, arbre qui ne semble pas toujours être associé à la vie même lorsque celui-ci pousse à l'intérieur du champ.
Une des principales forces de ce film réside dans sa capacité à retranscrire le bonheur en images d'abord à travers un travail sur la couleur. Les couleurs primaires sont ici le reflet d'un bonheur qui semble simple. Le bonheur se traduit également par les vêtements, la nature luxuriante ou encore la saison. L'état intérieur des personnages, les pancartes, les enseignes et la nature se confondent parfaitement.spoiler: Cette harmonie picturale devient peu à peu effrayante après le suicide ou l'accident de Thérèse- A. Varda réussit avec brio à faire planer le doute-. En effet, la femme aimée est ici vite remplacée à un point tel que même les enfants ne semblent pas véritablement faire la différence. Le dernier plan témoigne à nouveau d'un extrême soin apporté aux couleurs : les couleurs automnales correspondent aux vêtements jaunes, marron et rouges de cette nouvelle famille vite reconstruite, laissant alors une glaçante impression au spectateur.
C'est un film d'une beauté incomparable que j'ai vraiment beaucoup aimé malgré le fait que je l'ai trouvé un peu lent au début. Les images et le script sont absolument magnifiques.