Robogeisha est un film que je voulais voir depuis longtemps, et puis, échaudé par pas mal de critiques négatives, j’avais remis au lendemain son visionnage. Finalement je partage assez les mauvais avis sur ce film.
Certes c’est un gros délire, mais franchement, dans le genre ça ne vaut pas du tout, par exemple, un Tokyo Gore Police, probablement un des films les plus aboutis dans cette tendance japonaise de la loufoquerie erotico-gore. Le souci c’est qu’ici, ce film manque fortement de générosité, et de moyens aussi.
Certes il y a quelques idées amusantes, mais finalement Robogeisha n’est ni franchement drôle, ni érotique, ni horrifique. De sang, nous n’aurons essentiellement que quelques giclées numériques franchement moches à l’écran. D’érotisme ça ne dépassera quelques étudiantes en petites culottes et des gags en-dessous de la ceinture, et l’humour reste très minimaliste. En fait Robogeisha est presque sérieux sous le vernis loufoque, et ce n’est pas un robot géant qui danse ou des shurikens dans la culotte qui suffisent vraiment à faire surgir le rire. Encore, au début, pourquoi pas, mais lorsqu’on nous sert la séquence trois ou quatre fois, à un moment donné on espère plus.
Du coup ce film ressemble à un pot-pourri pas vraiment maitrisé, et plutôt inefficace dans les divers compartiments où il était attendu. Surtout qu’un film de ce genre s’adresse forcément à des amateurs de cinéma déviant qui attende tout sauf de la demi-mesure.
Formellement ce n’est pas terrible. Visiblement sans budget véritable, le réalisateur parvient quand même à offrir quelques scènes pas trop mal fichues sur le plan des effets spéciaux (le robot géant), mais pour le reste c’est souvent consternant. Les décors sont minables (quasiment pas d’accessoires ou de mobiliers dans les intérieurs par exemple), les scènes d’action restent très brouillonnes (le combat d’ouverture pose bien les choses), et le réalisateur ne maitrise pas la débauche d’effets visuels. Pourquoi un immeuble saigne des litres de sang par exemple ? Surtout du sang numérique moche au possible. Non, Robogeisha est trop souvent médiocre, malgré quelques séquences sympas. Il n’a pas vraiment d’ambiance, c’est juste un gros fouillis mi-numérique mi-bricolé plutôt fatiguant à regarder.
L’interprétation n’est pas spécialement marquante, mais c’est surtout lié à la faiblesse des personnages, dans cette histoire qui aurait pu offrir quelque chose avec un peu plus de sérieux et de tenu. Après tout, sur des excès très approchants Tokyo Gore Police parvenait à tenir une intrigue, appréciable ou non, mais il y avait un fond. Là tout est survolé, et les acteurs sont souvent réduits à des personnages de caricatures difficiles à épaissir. Surtout que les actrices, soyons honnêtes, sont surtout réduites à leurs charmes, et, le visage parfois caché sous leur masque, elles exposent largement leur physique. Pas mal de surjeu, de cabotinage, bref, les personnages et les acteurs sont à l’image du fond. La direction d’acteurs ne devait pas être bien lourde.
Je ne vais pas m’étendre davantage sur ce film qui représente ce que le cinéma japonais offre souvent de consternant. Entre l’humour qui n’existe que par ses excès mais se répète continuellement, son manque de générosité niveau effets horrifiques et son manque de soin total sur les fx et l’ambiance, Robogeisha, qui est perclus d’autres défauts ne plaira guère à grand monde. Si les spectateurs de cinéma « conventionnels » trouveront cela terriblement régressif et bidon, les spectateurs rodés au genre devrait trouver cela très timoré et plus foutraque que délirant. Comme je le dis souvent, le désordre dans un film est sûrement ce qui nécessite le plus d’ordre de la part de l’équipe de réalisation. 1