Sorority Babes est surement un des meilleurs DeCoteau que je visionne. Je pensais tomber sur du risible comme souvent avec lui, mais au final, à jaquette sympathique, film sympathique.
Les acteurs sont plutôt pas mauvais pour commencer, ce qui dans un DeCoteau est toujours bon à souligner. Certes les amateurs viendront surtout pour la pléiade d’actrices connues de séries B, notamment Linnea Quigley, mais au final on a un casting intéressant et pas que pour cela. Tous les acteurs se débrouillent correctement, et surtout ils bénéficient de personnages amusants. Disons qu’ils ne sont pas tout plat, tout mou, style « jeunes pour slasher », mais qu’ils ont un peu plus de personnalité, de relief, et c’est toujours bien dans un film de genre, surtout quand il a un tout petit budget et donc pas grand-chose à proposer d’autres. Je retiens spécialement Linnea Quigley dans ce film.
Pour le scénario Sorority Babes n’est pas d’une débordante originalité, et s’inscrit dans cette dynamique que DeCoteau va d’ailleurs souvent reprendre de sororité mêlé à une malédiction. Certes l’histoire se limite à un trap trap en huis clos, mais elle est loin d’être désagréable, car DeCoteau mène pour une fois plutôt bien son affaire. Le film est court et dynamique. Il n’y a pas de lenteurs intempestives. L’humour n’est pas très fin mais la dimension noire est amusante, et on pourra se prendre à rigoler de temps à autre à quelques gags. DeCoteau par ailleurs ajoute un soupçon d’érotisme à tout cela (au début notamment, mais globalement les actrices sont assez déshabillées). Du coup, même si on sent qu’on est dans une série B minimaliste, le film rend plutôt bien pour un spectateur pas trop exigeant, et en tous les cas il reste amusant.
La réalisation est propre. DeCoteau signe une mise en scène agréable, sans chichi, qui va à l’efficacité et qui le fait bien. Loin de la paresse qu’il affiche dans certaines de ses réalisations, il offre un travail précis, qui lui permet d’afficher par exemple dans certains affrontements un réel punch. A noter qu’on retrouve bien son style dans certains plans un peu racoleur au début (il s’attarde longuement sur la fessée des deux jeunes nymphettes !). La photographie est aussi un point important dans les films de DeCoteau. C’est souvent d’ailleurs le meilleur élément de ses films. Là c’est aussi le cas, avec un travail très soigné sur les éclairages, les lumières utilisées, et qui permettent vraiment de cacher la relative pauvreté et redondance des décors. Il instaure une belle ambiance alors que finalement il n’avait pas des décors très prometteurs. Sinon ici on évolue clairement dans une comédie, donc la violence n’est pas du tout visuelle. Je relève côté effet spéciaux un petit monstre étonnamment bien fait. On est en 1988 dans une pauvre production fauchée, et pourtant le gobelin est très bien animé, et ses apparitions sont réussies. Là pour le coup j’ai été très surpris. Enfin, pour conclure, la bande son. C’est du pur eighties, avec notamment un générique au synthé qui affiche immédiatement la couleur. Pas déplaisant.
Au bout du compte Sorority Babes est un DeCoteau tout à fait digeste. Pour ma part c’est le meilleur film que je vois de ce dernier. Il apparait plutôt bien maitrisé, l’histoire est convaincante, c’est dynamique, les acteurs sont corrects, bref, on retrouve un ensemble qui mérite d’être vu pour l’amateur de série B d’époque. 3.5.